Les 4 toulousains Géraldine, Vincent, Jules et Adrien, anciennement connus pour avoir formé the Dodoz pendant 10 ans reviennent aujourd’hui avec Las Aves, une nouvelle formule aux sonorités pop. Leur premier album « Die in Shanghai » sorti en mai 2016 les projette tout doucement sur les plus belles scènes de festivals français et européens (Garorock, Les vieilles charues, les Eurockéennes, Sziget…). Rencontre avec ce gang du futur qui nous a accordé une petite interview juste avant leur passage sur la Club Logia des Eurockéennes de Belfort le dimanche 3 juillet.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment vous vous êtes rencontrés et comment Las aves a été créé ?

On s’est rencontré au collège en fait, on se connait depuis qu’on est assez jeunes. On avait un autre groupe avant qui s’appelait the Dodoz et il a deux ans et demi, quelque chose comme ça, on a décidé d’arrêter The Dodoz et de faire un nouveau groupe, un nouveau projet. On a recommencé à composer, la musique était vraiment différente donc du coup on préférait mettre un point à ça et recommencer quelque chose de nouveau. Voilà, là ça fait deux ans et demi qu’on est dans Las Aves.

Pourquoi ce changement si radical ? The Dodoz était beaucoup plus rock…

On était arrivés au bout d’un truc en fait. On essayait de pousser au maximum ce truc-là, très rock en enregistrant tout en live sur bande etc mais je pense qu’au bout d’un moment on s’est sentis un peu limités par la formule et on avait envie justement d’incorporer de nouveaux sons dans ce qu’on faisait. Comme on peut être un peu extrêmes (rires) du coup on a tout repris à zéro, on a pris des instruments donc on ne savait pas forcément se servir et on s’est mis à enregistrer tout seuls alors qu’on savait pas le faire.

On a tout réappris comme des débutants et c’est ça qui nous procure du plaisir en fait : à chaque fois tout refaire dans la nouveauté. Comme un château de sable tu sais, que tu prends du plaisir à casser (rires)

La question de se renouveler c’est important vous pensez musicalement pour n’importe quel artiste ?

Après ça dépend des artistes, je sais qu’il y a des artistes qui ont vachement leur truc et qui continuent à faire des albums en évoluant mais sans cassure. Je crois qu’on est vraiment faits pour à chaque fois effacer l’ardoise et recommencer. On aime bien ce truc-là d’être en danger et de se mettre un peu dans des situations où on n’a pas l’habitude d’être, c’est un moment où on se sent le mieux au final.

Donc c’est possible qu’une fois vous mettiez un terme à Las Aves et qu’on vous retrouve dans quelque chose d’encore différent ?

C’est possible oui, mais pas tout de suite parce qu’on a quand même passé beaucoup de temps avec the Dodoz avant, ça faisait plus de 10 ans et il y a une routine qui s’installe forcément. Là on vient de trouver notre son live par exemple depuis quelques concerts, depuis 6 mois donc on a encore plein d’idées pour faire évoluer le truc. Je pense qu’il y a une date de péremption en fait mais avant d’arriver au bout de quelque chose, il faut quand même beaucoup d’années et on n’a encore pas mal de choses à dire mais on verra, après on sait pas. Ca dépend vraiment de ce qu’il se passe mais on verra.

Est-ce que vous pouvez nous parler de l’emblème du groupe et ce que cela signifie ?

C’est un aigle en or et on aimait bien l’idée d’avoir un emblème un peu derrière lequel on pouvait tous se rallier. En général il y en a toujours un de nous qui le porte, on aime bien ce côté un peu « gang du futur ». On aime bien ce truc-là et c’est pour ça on est allés chercher Ferry Gouw parce qu’on aimait bien ce dessin qu’il faisait avec Major Lazer et qu’il avait fait pour d’autres pochettes de rap. On adore en fait l’imagerie un peu biker américain et aussi les trucs plus r’n’b et pour nous c’est un bon mélange entre les deux. Il y a un côté un peu guerrier, un peu impérial qui correspond un peu à notre musique en fait.

Et du coup, pourquoi le blanc ?

C’était déjà pour être tous uniformisés, c’était important pour nous parce qu’on voulait vraiment créer une sorte de gang, d’équipage spatial partant à la conquête du monde (rires). On rentre vraiment dans le truc quand on met les habits, quand on arrive sur scène ça fait une cassure avec la journée et c’est hyper cool parce que c’est vraiment une musique qui nous évoque plein d’images donc on a vraiment besoin de casser avec la routine.
Le blanc ça créé aussi un côté un peu surréel en fait : peu importe comme tu es habillé, nous à chaque fois qu’on se remarque dans la rue tout en blanc, les gens nous regardent et ne comprennent pas. On trouvait ça assez fascinant le côté déroutant avec une seule couleur.
Ça nous évoque un truc un peu futuriste aussi parce que je ne sais pas pourquoi mais dans tous les films de science-fiction ils sont toujours en blanc donc ça doit évoquer un truc genre la nouveauté et c’est assez lumineux sur scène aussi.

Dans les interviews que vous avez fait avant, vous parlez beaucoup de ce côté surréaliste surtout avec Jacques Parnel qui a fait votre pochette, pourquoi c’est important pour vous le délire surréaliste ?

On n’est pas bloqués sur le délire surréaliste mais effectivement on aime bien créer de la musique, surtout avec ce projet-là. On aime bien se projeter dans quelque chose qui nous sort de ce qu’on est en train de vivre sur le moment. On garde ces émotions-là et on essaie de créer quelque chose qui soit si possible un peu plus grand que nous.

Les Eurocks c’est plus grand que vous ?

Ouais, c’est bien plus grand que nous (rires). On n’était pas surs mais en fait si.

C’est pour ça, c’est hyper cool de jouer sur une petite partie des Eurocks.

Vous préférez une scène plus intimiste où le public vient pour vous voir ou plus ramener des gens en festival qui aimeraient vous connaître et qui sont curieux de vous voir ?

C’est vraiment différent les deux : nous à la base on adore jouer en petit club quand il y a beaucoup de chaleur et que tu sens vachement les gens super près. On est vraiment fans de ça à la base, mais après là ça fait quelques festivals qu’on fait et c’est vrai que c’est assez impressionnant d’entendre quand il y a beaucoup de monde et justement c’est assez satisfaisant quand t’arrives à recréer une certaine intimité alors qu’il y a énormément de gens. C’est plus dur mais du coup plus satisfaisant, c’est un challenge mais quand tu y arrives c’est pas mal.
Et pour la musique juste en festival, ça serait mieux qu’on joue la nuit (rires) mais malheureusement là les Eurockéennes sont plein plus grandes que nous pour qu’on puisse jouer la nuit.
Les festivals c’est vraiment les vacances pour les groupes enfin sauf quand il y a des grosses aprem promo (rires) où on loupe tous les groupes qu’on aimerait voir mais on s’amuse vraiment trop et c’est hyper cool.

Est-ce qu’il y a des groupes que vous auriez envie de voir ce soir par exemple ?

TOUS ! Courtney Barnett, Frank Carter and the Rattlesnakes, Action Bronson… Après on va voir Tame Impala, Ratatat et Caribou mais là toute cette aprem là on est un peu deg (rires).

Du coup si vous avez repris un groupe à zéro, comment vous vous êtes remis à composer ?

En fait on compose chacun de notre côté. On fait vraiment les morceaux chacun de notre côté et ensuite on les fait écouter aux autres et une fois qu’on a envie de le faire tous les trois, on les réarrange ensemble et c’est là que ça devient un morceau de Las aves. On aime bien partir d’un morceau qui est très personnel à la base, là en tout cas pour ces morceaux-là, ça donne plus une âme au truc et on aime bien ça.

Vous êtes signés chez Cinq 7, comment ça s’est fait et est-ce que pour vous c’était important d’être signés chez un label indé plutôt que direct sur une grosse maison de disques ?

Ça s’est fait par l’intermédiaire de Dan (moitié du duo The Do, NDLR) en fait, c’est Dan qui a fait écouter l’album là-bas parce qu’il est chez Cinq 7 aussi et après c’est pas tant le côté label indépendant mais c’était plus les gens avec qui on allait travailler et là effectivement ça a été super important pour nous de les rencontrer, de parler pas mal pour voir si on se comprenait et avec eux ça a vraiment bien collé donc c’est pour ça qu’on est allés chez Cinq 7. On a eu un peu la même vision des choses que ce soit sur l’image ou la musique et on était libre de tout.
Artistiquement vu qu’on n’avait pas mal de choses ambitieuses qu’on voulait faire visuellement, c’était des trucs qui pouvaient faire peur je pense à une grosse maison de disques. Cinq 7 qui sont quand même assez gros mais indépendants ont quand même cette liberté de pouvoir prendre des risques aussi, donc pour nous ça a bien matché.
Après je pense que ça aurait pu fonctionner avec une major s’ils avaient eu cette envie du risque mais c’est vrai que c’est peut-être un peu moins répandu, surtout de nos jours. Après ça dépend vraiment des gens que tu rencontres, il n’y a pas de règles. Le milieu de la musique tourne souvent et c’est dur de faire une généralité au final. Nous l’important c’était qu’on reste indé dans nos choix, la structure c’était pas si important, les gens étaient cools et on s’y est fait.

On vous associe très souvent au groupe The Do, qu’est-ce qu’ils représentent pour vous aujourd’hui? Qu’est-ce qu’ils ont été et qu’est-ce qu’ils seront pour vous ? Est-ce que vous voulez vous décoller de cette image de deux noms collés ?

Dan a réalisé notre album donc il a été hyper important pour nous et après nous, ça ne nous dérange pas forcément d’être liés à eux : on aime bien le concept de scène en fait. En France, les groupes veulent toujours se détacher les uns des autres alors qu’aux US il y a souvent des producteurs qui produisent plein de gens et ça créé une scène et plein de trucs. On est assez fiers au final d’être dans la même scène que The Do. Ils font partie des artistes qu’on aime bien le plus en France et c’est pour ça qu’on a contacté Dan aussi au départ. C’est plus une fierté qu’autre chose et je pense que les gens réalisent que ce n’est pas la même musique, même en live on voit des différences, c’est beaucoup plus rock. Ceux qui s’arrêtent avant ce n’est pas si grave pour nous en fait parce que c’est déjà vraiment flatteur comme parenté et je pense qu’on a tous des choses très différentes à dire et on espère encore rester proches d’eux longtemps.

Vous écoutez quoi en ce moment ?

Le dernier album d’Otto lux, le dernier album de Grimes aussi, dans le camion SCH (rires).

Est-ce qu’il y aurait des artistes avec qui vous aimeriez collaborer ?

Tous ceux qui jouent là en ce moment (rires). On avait demandé à Beth Gibbons, la chanteuse de Portishead et elle nous avait répondu mais finalement elle n’avait pas le temps, on était dégouté. Mais ouais un jour ça serait cool.
Action Bronson ça serait hyper cool, Kendrick lamar, des petits noms comme ça (rires). Même Tame Impala, on est fans comme tout le monde, même Ratatat on est très fans depuis leur tout début donc on aimerait trop faire un truc avec eux.

 

 

Retrouvez toutes les dates du Die In Shanghai tour de Las Aves sur leur page facebook. Courez les voir en live, vous ne le regretterez pas !