À tout juste 18 ans, Adèle et Matthieu forment Videoclub, dont les premiers morceaux totalisent déjà des millions d’écoutes. Rencontre avec le duo à l’occasion de leur concert au Botanique de Bruxelles.
Vous enchaînez les dates complètes, de Bruxelles à Paris. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Matthieu : On a hâte de jouer. On a hâte de remonter sur scène. On a fait un gros travail en résidence d’adaptation à nos musiques sur scène, donc vraiment on veut jouer, jouer, jouer.
Adèle : En plus la salle de l’Orangerie (plus grande salle du Botanique ndlr.) est vraiment chouette, avec une grande scène, il y aura du monde. Vraiment hâte !
M : C’est vrai que les conditions sont optimales.
Est-ce que vous ressentez toujours la même chose que lors de votre premier concert ? (vidéo disponible ici)
A : Le stress s’est transformé en excitation. Quand je suis derrière le rideau pour monter sur scène je suis impatiente, je trépigne. Je ne supporte pas d’attendre. Et puis je suis beaucoup plus à l’aise. Durant le premier concert j’avais la voix qui tremblait et j’étais pas bien.
M : Moi ça va ! On s’assume plus, on est plus à l’aise, mieux dans nos pompes.
A : C’est vrai que durant le concert je me cachais un peu derrière toi.
Vous avez donc fait évoluer vos prestations scéniques depuis ?
M : Oui, car on s’est demandé comment adapter sur scène des chansons que les gens ont l’habitude d’écouter sur Spotify. C’est une version différente qui est proposée.
On peut avoir quelques informations sur l’album, que beaucoup de gens attendent ?
A : On est dans une période durant laquelle on jongle entre musique sur scène et produire des morceaux. On espère sortir notre album courant mai.
Ce n’est pas compliqué de préparer un album et simultanément faire une grosse tournée ?
M : Si. Ça a été l’objet d’une remise en question. Il faut qu’on produise, et en même temps on passe beaucoup de temps pour la promo ou pour nos différentes dates.
A : Puis on est vraiment bien entourés. Notre entourage nous indique un peu le chemin à suivre, et nous freinent même parfois. On ne veut pas sortir un album bâclé. Avec Matthieu, pour créer, on a vraiment besoin d’avoir un rythme, de rentrer chez nous et d’être posés. Mais on s’y habitue donc plus trop de problème.
Comment se passe la composition d’une musique entre vous ?
M : On fouille dans mon ordi des bouts de compo que j’aurais pu faire. On les réécoute, on voit ce qui nous plait.
A : Puis parfois on écrit ensemble, parfois chacun de notre côté. Ça m’arrive d’avoir quelques lignes de texte qui traînent. Je remarque que très souvent tout part d’un brouillon.
M : C’est quelque chose de très instinctif. Si on nous impose de faire une musique, on va complètement galérer.
A : C’est un travail sur la durée mais également très instantané. On a composé Amour Plastique en une après-midi. Il faut juste que l’on se replonge dans des univers ou des périodes qui nous tiennent à coeur.
Adèle tu as commencé sur Youtube, puis tu as fait des films. Ensuite est arrivée l’aventure Videoclub. C’est quelque chose d’étrange la notoriété en étant jeune ?
A : On s’y habitue, et en même temps non. Les gens créent un fossé entre nous et eux. On a commencé à faire de la musique à 17 ans, et ceux qui nous écoutent ont notre âge ou un peu plus. Certains nous mettent sur un piédestal alors qu’on pourrait très bien être dans la même classe. C’est étrange. Cependant, la reconnaissance fait très plaisir.
M : Moi c’était plus étrange car c’est venu d’un coup. Mais je le vis bien. La reconnaissance est quelque chose d’agréable.
A : Après il y a des moments moins agréables. Une fois on se prenait un peu la tête dans la rue et quelqu’un arrive en nous disant « J’adore ce que vous faites ! ». Toi t’es là « Merci, mais là c’est pas le moment… ».
Le cinéma est toujours un projet ?
A : Matthieu adorerait faire des musiques de films. Et moi j’adorerais réaliser. Mais c’est un projet que j’ai mis sur pause car la musique et toute l’énergie que je mets dedans ne me le permet pas, mais j’espère pouvoir rejouer dans des films et en écrire.
Vous êtes déjà réalisateurs de vos propres clips ?
A : Notre premier clip c’est Julie, la soeur de Matthieu, qui l’a réalisé.
M : Elle nous connait très bien donc elle savait exactement ce que l’on voulait. C’est vrai qu’on est acteur, on joue, mais on est aussi acteur dans sa production. On donne une direction artistique.
A : Le principal est que ça colle à notre univers. Pour notre prochain clip, on sera vraiment à la réalisation.
Comme pour Pépite, que l’on a interviewé il ya quelques mois, il y a un côté rétro dans vos clips, notamment au niveau des tenues. Vous avez des habits privilégiés ?
A : C’est des vêtements qu’on met dans la vie de tous les jours. Mais Matthieu commence à devenir maniaque de ses tenues !
« On représente une adolescence. Une adolescence de films. »
En parlant de votre univers, comment est-ce que vous le définiriez ?
A : Très coloré.
M : C’est toujours dur de définir en mots simple notre univers.
A : C’est assez mélancolique, et en même temps très joyeux, avec beaucoup d’amour et d’amitié.
M : On représente une adolescence. Une adolescence de films.
A : Couleur pastel ! Des couleurs joyeuses mais qui peuvent parfois être un peu effacées par le temps.
Vous vous considérez comme dans un film actuellement ? Avec tout ce que vous vivez ?
A : Oui, un film très agréable. Heureusement nos amis et nos familles sont là pour nous faire garder les pieds sur terre car on pourrait devenir très rapidement désagréables. On a créé notre petite bulle et on se rend compte de la chance que l’on a.
Tu évoquais l’amour, assumer votre couple était quelque chose que vous souhaitiez dès le début ?
M : Notre couple a grandi avec notre musique. L’amour est quelque d’important quand on commence à le découvrir. On voulait le mettre en lumière et le peindre.
A : Au début, quand aucun clip n’était sorti, je me demandais s’il fallait que je montre la tête de Mathieu sur mes réseaux sociaux. Puis au final on a lancé Videoclub et on a de suite assumé. Dans Amour Plastique on se roule des pelles et c’est assez beau.
« L’amour est quelque d’important quand on commence à le découvrir. »
Concernant les réseaux sociaux, sur Youtube, entre deux commentaires anglais qui parlent de baguette et croissant, une comparaison avec Thérapie Taxi est assez récurrente. Un petit avis ?
M : Je peux comprendre l’analogie car la voix d’Adèle ressemble un peu à celle d’Adélaïde, la chanteuse de Thérapie Taxi. Après, pour ce qui est de la direction artistique, on ne se ressemble pas trop.
A : C’est hyper grossier, car ce sont des chansons hyper différentes !
M : Et les gens ne doivent pas trop écouter les paroles.
A : Même dans la musicalité. Mais concernant ma voix il peut y avoir des similitudes. Mais je le prends bien ! Elle chante très bien.
M : Il y a une certaine nonchalance dans sa voix…
Dans l’univers de quel artiste vous vous retrouvez actuellement ?
A : On l’évoque très souvent, mais Odezenne. Les thèmes qu’ils abordent et les nôtres sont assez communs, si ça se trouve on s’en inspire inconsciemment. Même dans les musiques, avec le côte vintage.
M : C’est vraiment une grande source d’inspiration de puis le tout début.
A : Puis les textes sont incroyables. Je suis tellement fan.
M : Leur manière de tout faire cohabiter, voix, instruments et textes, est géniale et originale.
A : Je les suis depuis que j’ai 13 ans, et j’ai pu constater leur évolution. Leur rap old school s’est transformé en un idéal musical que j’avais dans la tête.
Une possible collaboration avec eux ?
A : On aimerait bien !
M : Possible, mais il ne faut pas trop s’avancer.
Vous avez essayé de nouer le contact ?
A : Il y a trois jours ! Donc on est en attente d’une réponse.
Question rituelle : que vous évoque le nom Pedromadaire lorsque vous l’entendez ?
M : Un dromadaire qui s’appelle Pedro.
A : Au lycée, il y avait souvent un espagnol qui passait devant notre lycée. Il avait une tête un peu particulière. Avec mes meilleures amies Lou, Maya et Angelina, dès qu’on le voyait passé on disait « Oh il y a Pedro ! Pedro ! ». Et ça a duré plusieurs semaines. Voilà ce qu’il s’est passé dans ma tête. J’ai pensé à ce Pedro que je ne vois désormais plus.
M : C’est triste de ne plus voir certaines personnes.
Merci à Adèle et Matthieu d’avoir répondu à mes questions ainsi qu’à Régis Reynaud d’avoir organisé cette interview.