Ils sont huit, ils sont rennais et ils commencent à faire sensation avec leurs morceaux sur internet. Columbine est le groupe de rap qui ne cesse de prendre de l’importance actuellement. Retour sur Enfants Terribles, leur second album sorti le 21 avril dernier.

Vicomte fut la première sensation de Columbine : un clip balancé sur la toile, des punchlines incisives et des personnages construits. Puis on avait laissé le groupe avec Clubbing for Columbine, leur premier album, avec lequel ils s’essayaient à différents styles de rap différents. Vint ensuite Les Prélis, un morceau qui reste gravé dans la tête de chaque personne l’ayant entendu. Puis débarque Enfants Terribles, deuxième album, qui se place comme l’avènement d’un rap à la fois mélancolique mais également plein d’optimisme. Des morceaux uniques pour des interrogations sur l’adolescence, les relations amicales ou amoureuses ainsi que sur le futur.

10 mois se sont écoulés entre Les Prélis et le premier morceau de leur nouvel album Enfants Terribles. Les voix sont autotunées, Foda C et Lujipeka sont toujours là, Lorenzo fait son apparition dans le clip, les paroles sont sans tabou et la mélodie captive. Un son qui ne peut qu’annoncer du positif pour l’album.

Sortent ensuite Rémi et Temps Électriques, deux morceaux relativement similaires où les références à leur histoire sont nombreuses. Les gars de Columbine sont en constante réflexion, les états d’âmes viennent balayer la vantardise des morceaux auxquels ils nous avaient habitués comme Dom Pérignon. « L’ancien moi n’existe plus » annonce Lujipeka dans Rémi. La couleur est annoncée : Enfants Terribles sera différent de ce à quoi il nous avait habitué jusque là, et ce sera du « sale ».

Enfants Terribles est un album réussi aux rythmes calmes et pourtant entêtants. Dans ma Chambre ou Été Triste font partie des meilleurs découvertes de l’album. Château de Sable est également remarquable, 1000 s’inscrivant dans cette lignée.

Mais des sons diffèrent complètement des autres. Les Caméléons, aux rythmiques presque disco et au phrasé slam de Lujipeka, s’impose comme un OVNI musical, tout comme Fireworks dans lequel Foda C va chercher les aigus de manière inattendue. De quoi nous stimuler un coup. Mais les paroles unissent toutes les chansons de l’album et ce sont sans cesse les mêmes réflexions qui nous reviennent. La bande de potes n’a aucun mal à parler de leurs relations sentimentales, les paroles comblent l’absence de la gente féminine dans leur groupe, même si elles peuvent parfois brusquer, comme nous le prouve le premier couplet de Enfants Terribles.

« À part niquer j’vois rien à faire cet après-midi
Sèche mes larmes j’veux me moucher dans ton clitoris
J’me prends en main, j’veux conclure
Te prendre contre le mur
T’es dans le dur
J’suis dans la douceur »

Ou encore le premier couplet de Temps Électriques interprété par Lujipeka

« Jolie fleur, t’es fanée, mes doigts sentent le brûlé
C’est que j’ai fait c’qu’il fallait
Ta bouche ment, pas tes yeux
Roule lentement sans les feux
J’lèche ton losange rose »

Mais derrière des paroles crues se cachent une réelle sensibilité, de nombreuses remises en question qui ne peuvent que rappeler certains morceaux d’Orelsan dans son album Le Chant des Sirènes, avec Si Seul ou Finir Mal.

Le seul bémol du nouvel album de Columbine est sans doute College Rules, où le flow est quelque peu en dessous des autres chansons, notamment lors du refrain de Lujipeka. L’instrumental est également moins pertinente, bien moins envoutante. Des faiblesses sont aussi à entendre dans Woohoo, où les effets vocaux appauvrissent la musique, ce qui est regrettable.

Enfin, il est intéressant de s’attarder sur Mode avion qui n’est pas un morceau en soi, mais bien une succession de messages vocaux laissés sur un répondeur, celui de Lujipeka. Les quelques paroles, venues des parents, amis, managers, accompagnées d’une mélodie d’une douceur absolue forment une musique à part entière qui mérite l’écoute.

Enfants Terribles est donc une réussite. Chaque morceaux est singulier, édifiant un univers spécifique et une instru atypique. Les thèmes abordés sont le fil d’ariane de cet album. Un album comme une renaissance, une ré-écriture de leur personnage, une rupture avec le passé. Columbine a grandi, et Lujipeka l’affirme dans Château de sable.

« On est trop différents, j’sais pas si Columbine est meilleur
Mais Columbine a pris de l’avance, de l’avance
On est trop différents
Nan les écoute pas, c’est des menteurs
Fais les choses comme tu les entends »

Tracklist de l’album :
01. Fireworks
02. Enfants terribles
03. Rémi
04. College Rules
05. Woohoo
06. Talkie-walkie
07. Été triste
08. Les caméléons
09. 1000
10. Temps électrique
11. Dans ma chambre
12. Mode avion
13. Château de sable

Et rien de tel, pour finir en beauté, que d’écouter Temps Électriques :