Mokado est le projet musical de Sylvain Bontoux. Fort de plusieurs EP et d’un album, il traverse la France pour faire vibrer le public grâce à la musique électronique.

Tu parles de tes projets comme des projets historico-musicaux, et tu te bases sur des carnets. Comment on crée à partir de carnets ?
Au début c’est énormément de lecture et de prises de notes. Je soulignais des passages, j’y revenais, je relisais… Après, je me laisse entrainer par la lecture qui m’évoquait certains types de sons, certains types d’instruments. Et parfois, les lectures m’ont aidé à terminer des compositions que j’avais laissé de côté, pour lesquelles je n’avais pas trouvé le truc qui me plaisait. J’ai beaucoup travaillé sur la cohérence, qui n’est pas toujours la plus simple à trouver, même si parfois, ça s’est fait tout seul.

Et tu as du faire des choix dans les carnets ou tu t’es permis de piocher dans tous ?
Mon arrière-grand-père a écrit tous les jours de 1930 à 1990, donc je vous laisse imaginer le nombre de carnets que j’avais à ma disposition. Il y a des carnets que je n’ai pas encore lu. Mais vers la fin de sa vie, les carnets étaient moins poétiques, plus terre à terre, donc moins intéressants d’un point de vue artistique. Les carnets des années 40/50 ont été extrêmement inspirants. Il y avait des poèmes qui m’ont infiniment touché.

Est-ce que tu as construit ton show scénique à travers les carnets ?
Pas vraiment car pour moi, ce sont deux choses distinctes dans le projet Mokado. Quand on écoute mes morceaux chez soi, certains morceaux sonnent vraiment très calmes, voire reposants. Sur scène, c’est l’inverse. Le show est énergique, très très électro. Ce qui est important dans le live, c’est la cohérence de l’enchaînement des morceaux et l’émotion que j’arrive à faire passer au public. J’adorerais faire un live complet de mon album Marius dans sa chronologie d’album. Un live qui raconte une histoire.

Comment as tu choisi tes featurings sur ton album Marius, à savoir Loic Fleury de Isaac Delusion et Samba de la Muerte ?
Je fais un peu comme une liste de Noël. Je liste les artistes avec lesquels j’adorerais collaborer et je rentre en contact avec eux. Pour certains ça ne pouvait pas se faire maintenant mais ça se fera plus tard. Sur l’album, j’aimais le principe de pouvoir pour la première fois collaborer avec des gens. Samba de la Muerte je le connais depuis longtemps, on en a discuté et ça s’est fait très simplement. Pour Loïc, je travaillais avec le même producteurs que les premiers albums d’Isaac Delusion. On l’a appelé, on lui a envoyé le morceau sur lequel on se disait que sa voix pourrait parfaitement se poser, il nous a dit qu’il était chaud et trois semaines plus tard on avait ses premières propositions. C’était la première fois que quelqu’un posait sa voix sur mes musiques, c’était assez fou. En studio, je me suis juste dit : « woh ». Avec sa voix, j’ai retravaillé le morceau, et j’ai trouvé cette expérience formidable.

« Avec le masque, mon projet musical se détache de ma personne. »

Mokado est un projet masqué. Avec des masques magnifiques d’ailleurs. Est ce que tu t’es demandé si tu allais rester « inconnu » ?
Mon but c’est absolument pas de faire comme Daft Punk ou Vladimir Cauchemar. Avec le masque, mon projet musical se détache de ma personne. Je ne veux pas qu’on se concentre sur la vie de Sylvain, mais bien sur les personnages que Mokado raconte. L’essence de Mokado, ce sont ses personnages. Et puis, pour avoir déjà fait essayer mon masque à des amis et en leur mettant un bonnet, on dirait la figure de Mokado. Donc le masque, c’est une des représentations du projet, mais ce n’est pas moi. En concert, avec le masque, je me détache de la vision du public et je me lâche davantage. Et le projet musical Mokado évolue, mais le masque reste intemporel.

Comment comptes-tu continuer à faire vivre l’Histoire dans tes futurs projets ?
Tout dépend ce sur quoi je travaille car je n’aborde pas EP et album de la même manière. Les histoires imaginées des EP sont un peu plus légères et classiques, je lâche un peu plus prise. Alors que pour l’album je garde le gros concept qui me plaît car je peux me permettre de raconter une histoire plus longue, de plus la creuser.

Et justement, niveau projets, tu en es où ?
La crise sanitaire a tout chamboulé, notamment au niveau de la sortie de mon album, donc j’ai de nombreuses compositions prêtes. Mais on revient peu à peu à la normale. Plein de belles choses sont sorties, et d’autres arrivent très vite. Je suis très heureux de tout ce qu’il se passe actuellement.