Le 17 octobre dernier se tenait la 2eme édition du Big Bounce à la Rodia de Besançon.
Le Big Bounce, c’est un concours chorégraphique organisé par ArtKDance, la grande école de danse bisontine tous styles confondus. Autrement dit : THE évènement pour tous les fans de danse à Besançon.
C’est donc avec des beats pleins la tête et une intense envie de jigoter que nous nous sommes rendues à cette seconde édition afin de découvrir les jeunes talents bisontins mais aussi d’autres crews venus de toute la France.
Popping, locking, smurph, tous les styles étaient au rendez vous dans une salle presque comble. Nos hôtes de la soirée, José Shungu et Quentin Juy ont ambiancé le public 3 heures durant entre déhanchements, blagues et vocalises de haut vols, de quoi faire trembler la Citadelle.
Le Big Bounce se composait de 3 manches avec une prestation par crew, un duel de 3 minutes, un battle en freestyle de 6 minutes et une chorégraphie de 5 minutes pour la finale. De plus, qui dit concours, dit forcément prix : 1000 euros pour les gagnants (élus par le jury) et 500 euros pour le coup de cœur du public, évalué par l’applaudimètre.
8 crews étaient présents : Wolf Gang, Légende urbaine, Nsa Human Military, Naka Crew, Waik Lace Crew, Affro Samouraï, Epsilone crew ainsi que Les Gamal. C’est à base de show chorégraphique et de battlle classique, que ces amoureux du mouvement ce sont affrontés dans une ambiance digne des shows américains.
Au son de la cloche franc-comtoise qui était aussi de la partie, les préférences locales du public se sont fait entendre dès les premiers mouvements. Sans difficultés aux nombres de décibels, Wolf Gang (groupe bisontin déjà présent l’année dernière) était le favori.
Pour départager tout ce petit monde, se dressait au dessus de la foule, le jury. Un jury assez exceptionnel d’ailleurs puisqu’il était constitué de Deydey, admirable et souriante danseuse spécialiste du popping (qui a travaillé avec Katy Perry, Martin Solveig et Madona, entre autres et pour les fins connaisseurs de films tels que « Street Dance », elle serait plus connue sous le nom de « Yoyo », la dégeanté danseuse du deuxième film. Elle était entourée de Waydi Wayde, danseurs montant de la scène hip hop et membre du Criminalz crew, connu pour ses apparitions dans l’émission « Vendredi tout est permis d’Arthur » et pour finir, l’un des pionniers de la street danse française qui a su développer le popping en France et en Europe dès les années 80, Junior Almeida.
Art K dance qui enseigne de nombreux styles de danse a su montrer au cours de la soirée plus qu’une battle : le Big Bounce est une fête conviviale entre personnes qui ont un amour commun de la danse et de la musique, car comme on dit: le plus important c’est de participer ! Et c’est dans cet esprit que la compétition a été ponctuée de prestations de danseurs d’ArtKDanse (principalement des profs) entre coupé décalé, contemporain et break dance. En prime, Dj Bounce était au platine et Manu Wandji et Blade nous ont offert un petit moment au croisement des cultures entre chant et percussions.
La compétition ? Force est de constater que les attentes du jury étaient différentes de celles du public : à plusieurs reprise alors que les cris du coeur des spectateurs donnaient un certain crew gagnant, le jury en décidait autrement. Ce qui a été le cas des favoris bisontins du Wolf Gang.
De plus, en interview Deydey et Junior Almeida nous ont avoué qu’ils ne se fiaient pas toujours à la technique et aux grilles d’évaluation : Deydey avait plutôt tendance à juger au feeling, à l’originalité, à la présence/la prise d’espace sur scène et à la musicalité d’un crew. Junior Almeida quant à lui aime être surpris, il aime que les crews lui racontent une histoire par la danse. Il pense que la musique permet de dire quelque chose et qu’en choisissant le commercial, les jeunes tombent dans un piège. Il ne porte pas réellement d’importance à la technique, il cherche à voir de l’émotion avec des crews maladroits et humains dans des petites compétitions avec une belle ambiance comme le Big Bounce par exemple, qu’il ne retrouvera pas dans des compétitions internationales où c’est beaucoup plus perfectionné.
Au final, pour leur seconde participation ce sont les jumeaux du crew « Les Gamal » qui ont remporté le gros lot. Et c’est Epsilone crew, groupe originaire de Paris, qui a su aller jusqu’en demie finale et gagner au passage le coeur des spectateurs en devenant le coup de coeur du public.
Du coup, on en a profité pour interviewer Les Gamal, gagnants du concours cette année.
Bonjour Les Gamal ! Pour commencer, est ce que vous pouvez nous parler de vous ?
Très simplement, nous nous présentons par la rubrique « A propos » de notre page Facebook.
(Voici son contenu: Le duo « LES GAMAL » (GAMAL est un mot hébreu, étymologie du mot « jumeau ») est composé de deux danseurs-chorégraphes et freestylers amateurs, les frères jumeaux Loïck et Emerick GENE. Nés le 16 Novembre 1994 à Fort-de-France, ils passent leur enfance et leur adolescence en Guadeloupe. Ils pratiquent leur passion (la danse urbaine – Hip Hop NewStyle) depuis 2010 et développent leur art (Hip-Hop, Street Dance, Modern Jazz) sur des chorégraphies qu’ils créent eux-mêmes.)
Comment s’est développé cette passion commune pour la danse ? Danser ensemble était une évidence ?
Nous sommes très proches de nos parents et plus particulièrement de notre père. c’est avec lui que nous avons découvert le HIP HOP, étant lui-même, à l’époque, danseur et accroc de culture musicale afro-américaine (jazz, funk, soul, disco, rap). Mais, cette passion s’est vraiment installée à l’âge de 15 ans, lorsque que nous avons choisi de suivre des cours de hip hop et de street dance. Aussi, dès notre première année, nous avons créé et exécuté la choré hip hop pour le GALA de fin d’année. Danser en duo est une « évidence génétique ».
Au niveau de la danse, nous partageons les mêmes perceptions et sensibilités sur la manière d’aborder nos créations, cultivons les même valeurs d’humilité, de respect et de travail, et avons les mêmes objectifs.
Vivre de sa passion est une chose dont beaucoup d’amateurs rêvent, est ce que c’est votre cas ? Vous rêvez d’un métier autre que la danse ?
1 an après l’obtention de notre BAC, nous avons décidé de faire notre passion notre profession. C’est à ce titre, que nous suivons actuellement un cursus de formation professionnel de danse HIP HOP à Thony Maskot School à PARIS. Car pour réussir, le talent ne suffit pas… Mais notre rêve ultime est qu’au travers de notre danse, nous réussissions à transmettre dans les cœurs et les pensées du public de la joie et du bien-être. Un message d’espoir voir d’espérance.
C’est la 2ème année que vous venez à Besançon pour participer au Big Bounce, est ce que cette année était une revanche sur l’année dernière ou avez-vous fait le déplacement pour l’ambiance ?
C’était clairement une revanche. Mais nous apprécions l’ambiance et l’accueil du public et des organisateurs du Big Bounce
Avez-vous préparé la compétition différemment cette année ?
En général, quand nous préparons une compétition ou un concours c’est pour gagner et donner le meilleur de nous-même. L’an dernier, ça n’a pas suffit. Cette année, nous nous sommes entrainés pour ne pas perdre donc forcément les entrainements ont été plus intenses.
Il existe pas mal de battle en France ou à l’étranger, vous avez l’habitude d’y participer ?
Pour les battles FreeStyle, nous n’y participons que très rarement en ce moment.
En ce qui concerne les battles ou concours chorégraphiques, si nous entendons parler et qu’ils nous intéressent, il y a de fortes chances pour que nous y participions.
Vous avez remporté la battle cette année et donc le chèque de 1000€, qu’allez-vous faire de cet argent ?
Cet argent va nous permettre de mieux gérer notre vie.
Vous êtes actuellement au Maroc pour un projet, en avez-vous d’autres en vue pour l’année qui arrive ?
Nous avons enchainé plusieurs projets d’août à octobre. Maintenant, nous nous concentrons pour réussir notre dernière année de formation à la Thony Maskot School.
On vous assimile souvent aux Twins (crew composé de Laurent et Larry Bourgeons, tous deux jumeaux originaires de la Guadeloupe et danceurs hiphop), qu’avez vous à nous répondre sur cette ressemblance ? Est ce voulu ou plutôt dérangeant ?
Oui, cela est dérangeant mais nous perturbe plus : cette ressemblance est involontaire et encore moins cultivée. C’est vrai qu’il y a une ressemblance physique et pratiquons le même style de danse, mais celle-ci s’arrête là. Depuis le début, nous avons toujours cherché à développer notre style et une identité artistique propre à nous-même et respectons tous les autres danseurs y compris « Les TWINS » pour ce qu’ils proposent artistiquement parlant. Nous sommes « Les GAMAL » et sommes conscients du travail à fournir pour être reconnus comme tels
Pour finir, est ce qu’il y a des danseurs ou artistes avec qui vous rêveriez de travailler ?
Pas forcément… Nous restons ouverts à toute expérience que nous considérerions comme positive et enrichissante quelques soit le danseur ou l’artiste.