Chaleur, remparts et théâtre : à peine arrivés à Avignon, nous vous proposons de profiter du festival comme si vous y étiez ! Aujourd’hui, retour sur la pièce Débrayage, avec la Compagnie de l’Astrolabe. 

Nous voilà arrivés à Avignon. Depuis 71 ans, au mois de juillet, toute la ville se transforme et accueille des centaines de spectacles. De la comédie à la tragédie, du classique au contemporain, tout le théâtre français et international s’y retrouve. Un plaisir pour le cerveau certes, mais aussi pour les yeux !  Des rideaux d’affiches sont déroulés le long des murs de la ville, vantant mille et un spectacles de qualité aléatoire et dont nous ne pourrons vous présenter qu’un petit échantillon en une seule semaine.

 

Courant sous la chaleur de la ville, nous arrivons dans une cour ornée de guirlandes où se trouve au moins deux bars, des brumisateurs et des canapés. Sans même prendre le temps d’en profiter, dévoués que nous sommes, nous nous précipitons dans la salle de spectacle. Le festival s’ouvre pour nous avec Débrayage de Rémi De Vos, mise en scène par Nicolas Pichot, fresque réaliste et glaçante sur le monde du travail en entreprise.

Le spectacle s’inscrit dans la lignée du théâtre contemporain en apportant les coulisses sur le plateau. Tout est à vue : les costumes sont apportés par de pendrillons, la régie et le son se trouvent respectivement côté jardin et côté cour. Tout est dévoilé aux yeux du spectateur. Les comédiens sont à la fois des personnages de fiction et des techniciens, eux-mêmes “au boulot”. Pour le metteur en scène, ce mélange était important à faire: “On oublie pas qu’on est des acteurs qui racontent une histoire et on fait une pause”, dit-il à propos d’un passage de la pièce, où les acteurs, presque cachés derrière le décor, font effectivement une pause, sous le regard du public.  Décor composé de grandes grilles métalliques sur roulettes, qui permet à la compagnie de figurer des espaces assez variés, mais également, et surtout, de montrer le cloisonnement, l’isolement des salariés les uns par rapport aux autres, ainsi que par rapport à leurs supérieurs.

La pièce est un succession de petits tableaux. Ce décor rappelle étrangement l’ambiance de vestiaires de sport, chacun se prépare à entrer en scène. Le théâtre simule des situations liées au monde du travail qui peuvent être parfois très graves, tout en gardant une touche d’humour. Malgré le cynisme évident et affirmé du texte de Rémi De Vos, il y subsiste beaucoup d’espoir quant à la prise de conscience des salariés et la révolte populaire.

Les acteurs ont travaillé à partir d’improvisation puis y ont ajouté les mots de l’auteur sur le plateau. La compagnie a fait appel à un chorégraphe, Léonardo Montecchia, afin de rendre le corps et les mouvements des acteurs plus précis. Quelle  posture est adoptée au travail, à la maison? Comment réagit un organisme face à la pression ? Toutes ces problématiques ont été abordées à travers le texte et le corps. Le texte, écrit en 1995 est étonnamment actuel. La mise en scène ne tombe jamais dans le misérabilisme. Les adresses, faites au public, ne sont jamais frontales, mais au contraire, un moment de partage et de réflexion, et même, au delà de la froideur dégagée par ce monde qui nous est dépeint, de poésie.

Le festival nous promet donc de belles surprises ! Pleins de théâtres, de glaces et de bières vont nous accompagner cette semaine et nous ne manquerons pas d’en partager le meilleur avec vous. N’hésitez pas à vous déplacer, dans votre ville ou non, pour arpenter les théâtres et autre salle de concerts, car comme dirait Rémi De Vos “n’oublie pas qu’au théâtre, tu peux toujours rencontrer quelqu’un.”

Débrayage, 

du 7 au 30 juillet 2017

15h25 au théâtre de l’entrepôt

Actualités de Rémi De Vos au Théâtre du Nord à Lille  

Alice Schemid et Alexandre Bron