Chatroulette, J’aime les moches ou encore Susan Boyle, autant de chansons qui ont rendu Max Boublil populaire au début des années 2010. Depuis, son chemin s’est tracé, entre comédies de cinéma, comme Les Gamins ou Play, et one man show. 2024 marque son retour sur scène avec Maximilien, son nouveau spectacle, après de nombreuses dates de rodage. Rencontre avec un humoriste qui ne s’attendait pas à la popularité.

Tu t’es fait connaître du grand public avec les clips que tu as diffusés sur Youtube aux alentours de 2010. Un morceau comme J’aime les moches totalise 38 millions de vues aujourd’hui, et de nombreux autres morceaux ont franchi la barre des 10 millions de vues. Que gardes-tu de cette époque ?

J’en garde une certaine nostalgie. Ces chansons sont entrées dans toutes les cours de collège et de lycée de France. Quand j’étais petit, on reprenait les répliques et les chansons des Nuls et des Inconnus, et l’effet a été un peu le même ! Quand j’y repense, ça me fait chaud au coeur, et j’en suis très fier. Avec Anthony Marciano, on a réussi à marquer une époque.

Tu as encore plus de 150 000 auditeurs mensuels sur Spotify. Ça t’étonne ?

150 000 auditeurs mensuels ? C’est beaucoup, c’est fou !

Désormais, tu publies du contenu sur tes réseaux sociaux, notamment Instagram. 

Je publie des petits sketchs sur Instagram avec mes filles car ça fait partie du jeu de la promo autour du spectacle. Je me suis remis aux réseaux sociaux assez récemment. J’ai besoin de les faire grossir pour promouvoir mon spectacle ainsi que les films dans lesquels je joue et qui vont bientôt sortir. J’essaie d’avoir plus d’interactions avec le public car c’est quelque chose d’important.

Tu ferais moins de vidéos si tu n’avais pas de promo à faire ?

C’est possible. Enfin, je ne sais pas. Je pense que je ferais quand même les sketchs avec ma femme ou mes enfants car c’est quelque chose que j’apprécie. Par contre, je ne veux pas les montrer. J’aime partager certaines discussions drôles que j’ai avec mes enfants en tant que père de famille.

Ton nouveau spectacle s’appelle Maximilien, ton prénom. Est-ce la fin de Max ?

Non, tout le monde m’a toujours appelé Max. Etant donné que je me confie dans ce spectacle, que je partage une certaine intimité avec le public, je trouvais pertinent d’appeler le spectacle Maximilien. J’ai un prénom d’empereur et un nom de famille de dentiste, c’est une association peu commune.

Quelles ont été tes inspirations lors de l’écriture ?

J’ai joué pendant deux ans la pièce Une situation délicate, avec Gérard Darmon. Le public riait, on sentait qu’il prenait du plaisir. Il nous arrivait de sortir un peu du texte et de partir en impro. C’est là que je me suis rendu compte que le one man show me manquait. 

J’ai écrit avec Frédéric Hazan, avec qui j’avais fait la série Mike, et qui a participé à l’écriture du dernier spectacle de Gad Elmaleh, ainsi qu’avec Arnaud Tarride. On s’est mis à la recherche d’anecdotes drôles sur ma vie, notamment ma femme qui côtoie des stars internationales. Pendant qu’elle va à Los Angeles, je me retrouve à Clermont-Ferrand, même si j’aime jouer dans cette ville ! Elle est copine avec Justin Bieber alors que moi je ramène Elie Semoun à la maison.

Que penses-tu de la scène humoristique actuelle ?

Elle a énormément changé. De nombreuses personnes font du stand up, mais peu de show. L’évolution est permanente, avec un nombre d’humoristes très important. On dirait presque que c’est un des métiers les plus exercés de France. En remontant sur scène, je me disais qu’il fallait que je raconte ma vie, et que je ne commence pas à faire des vannes sur les trottinettes.

Dans mon spectacle, il y a du one man show, des chansons, des personnages… Je parle aussi bien de ma mère que des Grosses Têtes, et je fais des imitations, notamment Enrico Macias. J’étais à deux doigts d’intégrer un tour de magie quelque part.

Tu attends quoi de ce retour sur scène avec Maximilien ?

J’ai fait beaucoup de dates de rodage. Je l’ai beaucoup arrangé. J’espère vraiment réussir à faire rire les gens. Ne plus faire rire est une de mes peurs. Au départ, je ne souhaitais pas mettre de chansons dedans, mais sous la pression du public qui venait me voir à la fin, j’ai cédé. Je me suis rendu compte, par la même occasion, que j’adore faire chanter les gens. 

Et si en plus tu imites en chantant…

Un mec qui imite bien, ça me fout le cafard. Une imitation moyenne voire ratée, c’est toujours ce qu’il y a de plus drôle. 

Quels étaient les retours du public après tes premiers rodages ?

Le public semblait apprécier, mais me demandait de connaître mon texte. Les spectateurs ont fait preuve d’honnêteté. Aujourd’hui, je connais bien mon texte, il ne fait plus 40 pages. 

Tout en gardant cette part d’improvisation…

Oui, car j’adore ça. Quand ça fonctionne, c’est un pur plaisir. Je comprends ceux qui discutent pendant une heure avec le public. Pourquoi se faire chier à écrire des blagues alors qu’un papy dans la salle peut être beaucoup plus drôle que moi ? Il faut profiter du fait que ce soit du spectacle vivant.

Tu passes parfois dans des comedy clubs ?

Non, jamais, je n’ose pas franchir le pas. Si je fais ça, je partirai en impro, sans faire de sketch. Mais au fond de moi, j’ai envie de passer au Fridge. En soit, je peux extraire 5 ou 10 minutes de mon spectacle, mais je trouve que c’est un univers dans lequel il faut rentrer.

C’est étonnant venant de ta part, car tu sembles extrêmement à l’aise.

C’est une impression, car je ne le suis pas tant que ça. Je suis un ancien timide qui s’est extraverti, mais j’ai dû travailler pour y parvenir. 

Comment as-tu vécu la popularité ?

Le petit gars timide que j’étais était impressionné, mais parallèlement, ça sonnait comme une revanche. Au collège, je n’étais pas dans les personnes populaires. Parfois, je pense à l’anniversaire que j’ai organisé pour mes 10 ou 11 ans, où personne n’était venu. Je trouve cette anecdote extrêmement triste.

Aujourd’hui, jouer devant une salle comble me procure un plaisir immense. 

Dans ta carrière au cinéma, deux films sont régulièrement évoqués : Les gamins et Play. Comptes-tu collaborer à nouveau avec Anthony Marciano ?

Pas pour l’instant. On s’entend toujours bien, donc un nouveau projet commun n’est pas à exclure. Le succès de Play m’a complètement dépassé, malgré une sortie plus intimiste que pour Les gamins. Ce film a connu une seconde vie, après son passage au cinéma.

Et quels sont tes projets cinématographiques à venir ?

Je joue dans Neuilly Poissy, réalisé par Grégory Boutboul. C’est une belle comédie sur l’amitié entre juifs et musulmans, nécessaire au vue de l’actualité. 

Le plaisir est le même sur un plateau de cinéma que sur scène ?

Ce sont deux choses complètement différentes. Faire du cinéma, c’est quelque chose de long, basé sur la répétition. J’aime divertir sur scène, faire des blagues et rire avec les spectateurs, alors qu’au cinéma, je vais chercher des émotions plus profondes et intimes

Réaliser un film reste une de tes envies ?

Oui, mais si je réalise un film, il faut que ce soit quelque chose de très personnel, qui sonne vrai en moi. Je souhaiterais faire une comédie qui a du sens.

« Le problème des comiques, c’est qu’ils cherchent leur Tchao Pantin, à la manière de Coluche. Personnellement, j’ai peur du Tchao, tout court »

Justement, tu as joué dans de nombreuses comédies françaises, est-ce que tu aimerais jouer un personnage dramatique ?

Le problème des comiques, c’est qu’ils cherchent leur Tchao Pantin, à la manière de Coluche. Personnellement, j’ai peur du Tchao, tout court. J’ai du mal avec les actrices ou acteurs drôle de base, et qui d’un coup prennent un tournant très grave, qui ne leur ressemble plus. Dans Play, mon personnage parvenait à faire rire et à émouvoir. Je n’imagine pas une comédie sans sensibilité.

Pour finir, qu’est ce que tu regardes ou écoute en ce moment ?

Tout le monde m’a parlé de Simple comme Sylvain, de Monia Chokri, il faut vraiment que je le rattrape. En série, j’ai adoré Succession. L’écriture est folle, et l’évolution des personnages des dingues. Sinon, j’ai relu Marche ou crève de Stephen King, dont je suis fan depuis mes 14 ans.

Tu lis beaucoup ?

Rarement. Je prends le temps de lire avec ma fille le soir, quand elle va se coucher. Elle lit son livre, je lis le mien. J’ai envie de lire Il n’y a pas de Ajar, de Delphine Horvilleur. Mais bon, avant ça, il faut que je lise le texte de mon spectacle, afin de ne pas l’oublier, et les différents scénarios que je peux recevoir.

Max Boublil est en tournée dans toute la France avec son spectacle Maximilien. Merci à Coline Jamait pour l’organisation de l’interview.