Après le succès d’Antoinette dans les Cévennes en 2020, Caroline Vignal a poursuivi sa collaboration avec Laure Calamy dans Iris et les hommes, son nouveau film.
Quand a commencé l’écriture d’Iris et les hommes ?
J’ai mis 20 ans à réaliser mon second film, Antoinette dans les Cévennes, et j’avais peur de revivre la même chose. J’ai eu l’idée d’Iris et les hommes alors que nous cherchions les financements pour Antoinette dans les Cévennes. Quand on est cinéaste, c’est une bonne chose d’avoir plusieurs idées de projets, pour savoir rebondir une fois un projet terminé.
Iris et les hommes est né d’une soirée avec une amie qui m’a raconté son expérience sur les sites de rencontre. Quand j’ai voulu voir à quoi ressemblaient ces applications, j’ai découvert l’obligation de s’inscrire. J’ai créé un profil, j’ai reçu des likes et des messages que j’ai compilés et archivés. Certains sont même utilisés dans le film, notamment lors de la séquence du métro.
Qu’est ce qui vous attire chez Laure Calamy ?
Il y a un processus d’identification fort. J’ai besoin de pouvoir m’identifier aux actrices qui incarnent mes personnages. Cependant, Laure n’est pas Iris, c’est une réelle composition. Le personnage est plus posé, voire coincé, alors que Laure est loin d’être une actrice terne. Nous avons composé avec Laure pour faire du personnage d’Iris une femme bourgeoise accomplie. La palette de jeux de Laure est incroyable. Elle est capable d’amener aux spectateurs toutes les émotions, tout en étant très charnelle.
« La comédie permet de toucher un public qui n’est pas forcément acquis, ou qui n’est pas du même avis que moi »
Iris et les hommes est une comédie. Avez-vous songé à réaliser un film plus dramatique, avec une rencontre qui aurait pu mal tourner ?
Non, j’ai toujours voulu réaliser une comédie. La fiction et les médias ne cessent de nous dire que les gens sont méchants et qu’il faut se méfier. La peur fait beaucoup de mal. De manière consciente, j’avais envie que tout se passe bien. Le personnage n’a plus 20 ans et a du discernement, avec l’intuition de ne pas aller vers des personnes susceptibles de lui faire du mal. Quand elle n’a pas envie, elle est en capacité de dire non.
La comédie permet de toucher un public qui n’est pas forcément acquis, ou qui n’est pas du même avis que moi. J’ai du mal à regarder les choses avec sérieux. Pour ce sujet, avoir de l’humour est la moindre des choses.
Toutefois, on se rend compte que les hommes peuvent mal se comporter sur les applications de rencontre…
Iris ne connaît pas ces applications, et elle ne se rend pas compte de la gravité de certains propos. J’ai beaucoup d’amis qui m’ont raconté qu’elles avaient l’impression de plaire énormément quand elles se sont inscrites sur ces applications. Il y a une loi d’offre et de la demande qui s’applique. Pour obtenir un rendez-vous, les hommes likent énormément de femmes, ce qui n’est pas réciproque, et peut-être problématique. Le modèle des applications de rencontre et le même que celui des boîtes de nuit : les femmes sont le produit, voire la proie, et les hommes sont dans une quête sexuelle insatiable. Comme si les femmes ne pouvaient pas être dans cette position.
Les seconds rôles du film sont très réussis, avec des personnages autant incarnés qu’Iris.
J’adore écrire des seconds rôles. Tous les personnages, même les figurants, continuent de vivre une fois sortis du cadre. Avoir des seconds rôles avec une consistance permet de beaux moments de travail lors du casting et avec les acteurs. Lorsque les seconds rôles ne sont pas exploités, c’est une forme de négligence. Ils témoignent de l’évolution d’Iris, avec une certaine timidité qui disparaît petit à petit.
En acceptant le rôle de Stéphane, Vincent Elbaz a fait preuve d’une grande humilité car il est dans une posture d’écoute et de regard par rapport à Iris. Son calme témoigne d’une certaine forme d’intelligence.
Dans votre écriture, y-a-t’il une signification au fait qu’Iris soit dentiste ?
Trouver le métier d’un personnage est toujours une tâche compliquée. Je souhaitais un métier qui crée des situations. Dans les scènes dans le cabinet, le patient est un peu comme le spectateur, à savoir muet face aux conversations qui se tiennent devant lui.
Après avoir vu le film, on en vient à se demander si réaliser une comédie musicale vous tente ?
C’est un de mes fantasmes cinématographiques. J’en ai écrit une il y a quelques années, mais je n’ai pas eu la possibilité de la réaliser. C’est un genre qui associé tout ce que j’aime, à savoir la musique, la danse et le cinéma. Réaliser la séquence de comédie musicale dans le film était déjà un rêve éveillé.