À l’occasion des Paradis Artificiels, le Théâtre Sébastopol accueillait Goran Bregovic et son Orchestre des mariages et des enterrements. Une soirée comme une parenthèse hors du temps.
Cela fait depuis les années 90 que Goran Bregovic parcourt l’Europe et le monde avec son Orchestre des mariages et des enterrements. Brega, qui a su susciter l’intérêt de l’ouest de l’Europe pour la musique balkanique nous a offert un concert exquis, alternant entre nouveaux morceaux issus de son dernier album, Three Letters From Sarajevo, et classiques tels que In the Death Car, bande-originale du film d’Emir Kusturica, Arizona Dream.
Ils sont 9 sur scène. Goran Bregovic est habillé de son traditionnel smoking blanc. Les musiciens et les choeurs revêtissent quant à eux des habits traditionnels balkans. Les instruments sont divers et parfaitement maitrisés. Tubas, trompettes ou encore clarinette, de cet orchestre émane un charme fou, impossible de se lasser, ne serait-ce qu’une seule minute, de leurs musiques. Les deux chanteuses, qui épaulent Brega, ainsi que le chanteur à le droite de ce dernier nous offrent tout trois une prestation vocale incroyable.
L’ambiance dans la salle va crescendo. Même si le public montre son enthousiasme en applaudissant, rares sont les personnes à oser se lever afin de danser. Les premières initiatives viennent du balcon, et ce sont ensuite les couloirs du parterre qui seront investis par un public ne pouvant s’empêcher de danser sur la musique balkanique. On apprécie même une farandole qui parcourt la salle. Et même si tout le monde ne se lève pas, une euphorie collective se fait sentir. Goran Bregovic et son orchestre réunissent, le temps d’un concert, toutes les générations, allant des plus jeunes accompagnés de leurs parents, aux personnes plus âgées. De quoi plaire à Goran Bregovic qui semble étonner de l’engouement pour sa musique. « Je suis heureux que ma musique vous plaise. » confie-t-il, avant de reprendre de plus belle.
Dans le public, on entend même des personnes répondre à Goran Bregovic en serbe. Preuve en est que l’artiste est devenu un emblème de son pays d’accueil.
Les musiciens donnent tout et font vivre aux spectateurs une des plus belles soirées de ces Paradis Artificiels, un véritable voyage en Europe de l’Est. Après sa traditionnelle reprise de Bella Ciao, ou son coutumier Kalashnikov, impossible de ne pas être aux anges. Et comment ne pas tomber sous le charme de Goran Bregovic et de sa musique quand on se compte du plaisir qu’il prend à la jouer ? Quand on voit un tel sourire sur son visage ?
On attendait avec impatience le passage de Goran Bregovic à Lille après celui d’Emir Kusturica en octobre dernier. Voilà qui est chose faite, pour notre plus grand plaisir. Et on en redemande !
Goran Bregovic, après sa tournée française, sera dans de nombreux festivals francophones, comme le Festival du Bout du monde, à Crozon, ou Esperanzah ! à Floreffe, en Belgique. De quoi reprendre une bonne dose de musiques balkaniques !