Après avoir connu une fulgurante ascension sur les réseaux sociaux, Ragnar Le Breton a débarqué sur scène avec son spectacle Heusss, mais également au cinéma. Rencontre avec un humoriste touche-à-tout, sans concession et qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Quand tu es sur scène, comment te sens-tu ?

Ce n’est que de l’amusement. Je suis avec mes amis, on rigole. Il n’y a pas de pression à avoir, hormis celle de ne pas décevoir le public. Malgré tout, c’est une activité formidable.

Comment as-tu fait évoluer ton spectacle depuis tes premiers rodages ?

Les dates de rodage, c’était n’importe quoi. Je partais en improvisation, et c’était un sacré défouloir. Mon objectif, c’est toujours de faire plaisir aux personnes qui viennent me voir.

Qu’est ce qui t’a motivé à monter sur scène ?

Ça a toujours été un rêve de transmettre des émotions en direct. Au cinéma, tout est fabriqué, alors que sur scène, tout est authentique. J’aime quand un art est jouissif, avec des rencontres et une chaleur humaine.

Sur scène je communique avec le public car c’est ça la vie, communiquer et passer de bons moments ensemble.

En parlant de cinéma, on te voit dans de plus en plus de films.

C’est une découverte pour moi, et j’aime beaucoup jouer. Cependant, j’ai pris la décision de ne plus faire de films pour les autres. Je veux monter mes projets car je vis mal le fait de ne pas maîtriser mon image, les blagues ou l’univers dans lesquels j’apparais. Je ne veux plus faire de cinéma pour les autres.

Quand je vois les films dans lesquels j’ai joué, je me dis que j’aurais fait différemment et que ça ne me correspond pas vraiment, sauf pour un film comme Un stupéfiant Noël, car ce sont des amis.

Et tu as d’ailleurs un beau projet cinématographique en vue.

Oui, j’entame la réalisation de mon premier film en septembre. Le film est produit par Pathé. Je n’appréhende pas du tout cet exercice, et je tournerai avec l’équipe habituelle, comme Yvan Naubron ou David Salles.

Une fois la tournée de Heusss terminée, tu comptes continuer la scène ou te concentrer sur le cinéma ?

Non, je souhaite continuer l’artistique sur scène. J’ai l’idée de monter une pièce de théâtre avec mes amis, mais c’est en pleine réflexion. Être à plusieurs sur scène c’est sympa, et puis, on sera libre.

« Je n’aime pas être tout seul sur scène car je trouve ça trop égocentrique. »

En fait, tu n’aimes pas les contraintes.

Ce n’est pas vraiment une histoire de contraintes. C’est surtout que je n’aime pas être tout seul sur scène car je trouve ça trop égocentrique. On a fait le tour des mecs et des meufs qui te racontent leur vie sur scène pendant une heure et demie.

Et d’ailleurs, tu regardes un peu ce qui se fait sur la scène humoristique française actuelle ?

J’ai beaucoup d’amis qui sont dans l’humour. La dernière baffe artistique que je me suis pris, c’est Ça passe, de Laura Felpin. Elle est vraiment très forte. C’est un monstre de jeu. Avec Cédric Salaun, son co-auteur, ils forment un incroyable duo.

Je me retrouve également beaucoup dans ce qu’ont pu faire Les Inconnus, que ce soit pour leurs spectacles ou leurs parodies. Ils prouvent tous que le bonheur se partage.

Quand on a une standing ovation à la fin de notre spectacle, je suis heureux de voir mes amis émerveillés et se prendre une grosse dose d’émotions fortes. C’est une sensation à laquelle on ne s’habitue pas. Si tu t’habitues, c’est que tu es névrosé.

Ton succès sur les réseaux sociaux a été assez fulgurant. Comment as-tu vécu cette soudaine notoriété ?

Avec de la maturité grâce à mon âge et à mon parcours. Pour être honnête, être connu, je m’en bats les couilles. Je suis comme tout le monde. Je n’ai jamais été effrayé. Les gens te donnent de l’amour et sont extrêmement sympathiques. Je ne peux pas me permettre de me plaindre, et je ne comprends pas les gens qui disent qu’ils ne supportent pas ça. Ça peut avoir des inconvénients, mais c’est génial la majeure partie du temps.

Dans une interview pour Konbini, qui t’avais suivi dans ta loge à L’Européen, tu disais que ta compagne n’avait toujours pas vu ton spectacle, c’est toujours le cas ?

Non, maintenant, elle l’a vu ! Mais j’ai redouté ce moment car nous sommes dans des univers artistiques complètement différents. Quand elle me voit faire certaines vannes sur scène, elle doit se dire “Quel enfer !”. Mais j’assume car la scène est un défouloir. La scène est un espace de liberté génial dans lequel je peux tout dire et tout faire. La scène est une véritable cour de récréation. J’arrêterai le jour où je ne m’amuserai plus.

Tu as déjà pensé à arrêter ?

Oui, mais je me dis que si ça ne m’amuse pas, je ne le fais pas. Je ne me force jamais, sauf si j’ai donné ma parole aux gens ou que je suis sous contrat, alors là, je vais jusqu’au bout. Je n’aime pas travailler pour les gens et devoir rendre des comptes, ça me crispe. Personne n’a à me mettre le grappin dessus. 

Qu’est ce qu’on peut souhaiter à Ragnar, ou Matthias, pour l’avenir ?

Avec mon entourage, on veut faire des projets qui nous ressemblent, tout en gardant la tête sur les épaules, en restant authentiques et en s’amusant. Il n’y a pas lieu d’être quelqu’un d’autre.

Et à côté de ça, je veux être avec ma famille. Avoir des enfants, c’est la plus belle chose qui soit. C’est eux qui parleront de moi et qui se souviendront de moi, donc je veux être avec eux.