Samedi 12 mars, l’équipe du film Five, qui sort le 30 mars prochain, était présente à Nancy pour une avant-première le soir même au cinéma UGC Ciné Cité se situant à Ludres. Le Pedromadaire était de la partie, retour sur une chouette rencontre avec l’équipe de ce film désopilant qui donne un nouveau souffle d’air frais au genre de la comédie française.
Five est le premier long métrage d’Igor Gotesman, un jeune trentenaire qui a lâché ses études de droit pour vivre sa passion du cinéma. Réalisateur, scénariste, mais également acteur de son film, Igor nous livre une véritable ode à l’amitié. Une amitié sans vernis, sans cliché. Un premier film prometteur. Serait-ce la signature d’un renouveau de la comédie ?
SYNOPSIS : Samuel, est un jeune optimiste qui se dévoue corps et âme pour le théâtre. Problème, son père, très riche, est persuadé qu’il suit des études de médecine et continue donc à subvenir financièrement à ses besoins. L’aubaine est assurée pour Sam qui n’hésite pas à payer la majorité du loyer d’un grand appartement parisien pour réaliser un rêve d’enfant : vivre en collocation avec ses quatre amis de tout les temps. Le père de Sam met un terme à toute aide financière lorsqu’il découvre la supercherie des études de son fils. Le protagoniste, âgé d’une vingtaine d’années, se met alors à devenir trafiquant de drogue pour continuer à payer ce fameux loyer exorbitant qu’il avait promis à ses amis.
On retrouve dans Five cinq personnages principaux, correspondant aux cinq amis d’enfance qui se mettent en colocation. Igor Gotesman a décidé de s’entourer de François Civil dans le rôle de Timothée, un « handicapé des sentiments », et de Pierre Niney dans le rôle du protagoniste de l’histoire, le dénommé Samuel. Ce trio se connaît depuis quelques années déjà, ils sont liés, soudés, de véritables amis. Ils ont collaboré ensemble dans la série réalisé par Pierre Niney s’intitulant « Castings » ou encore dans « LA NUIT DE Pierre Niney » lors de la sortie du film Yves Saint Laurent dans lequel se dernier excelle. Les deux autres personnes ont été choisies sur casting. Dans le rôle de Julia, la seule fille de la bande, le dévolu s’est posé sur Margot Bancilhon, une jeune femme physiquement très féminine qui a un caractère surpassant les quatre hommes réunis. Dans le rôle de Nestor, Igor Gotesman a trouvé Idrissa Hanrot qui est néophyte étant donné qu’il s’agissait du tout premier film dans lequel il jouait. Puis le rôle de Vadim est interprété par Igor lui même.
Ce film permet aux spectateurs de contempler les talents de caméléon artistique de Pierre Niney qui nous livre ici encore une belle performance d’adaptation du rôle et il permet également de belles découvertes avec François Civil, Margot Bancilhon et Idrissa Hanrot sans oublier le double performeur, Igor Gotesman, en tant qu’acteur et réalisateur.*
A la fin du visionnage chaque spectateur doit se dire que le tournage devait être une franche rigolade. Nous nous sommes nous même posés la question des avantages et inconvénients de tourner entre amis. Ce sujet fut rapidement abordé lors de la rencontre. Le réalisateur a répondu :
« Il y a eu surtout beaucoup d’avantages. Quand on fait un film sur l’amitié, de partir sur une vraie bande de potes ça aide beaucoup pour la retranscrire dans le film. Mais forcément un tournage c’est aussi des enjeux sérieux, d’argent, de temps, de décisions artistiques, il y a donc parfois des petites frictions on ne va pas se mentir. Un peu à l’image de la bande du film je pense que notre bande qu’on est les cinq est sortie renforcée et plus soudée que jamais de cette aventure qu’a été le tournage. »
Igor nous raconte ces quelques mots concernant les influences qui ont émergé pour l’écriture, le tournage, de Five :
« j’ai des influences outre atlantique, outre manche, où il y a ce plaisir de se pencher sur des sujets tabous, de les mettre en avant. Un côté trash pas très français. On est content d’avoir fait un film d’amitié avec des moments touchants et des moments un peu crus comme les jeunes font ensemble quand ils ne sont pas filmés »
Du côté français, Igor apprécie beaucoup le travail de Cédric Klapisch, réalisateur de nombreuses œuvres cinématographiques, notamment L’Auberge Espagnole.
Le Pedromadaire a vu dans Five une certaine ressemblance aux films de François Truffaut, célèbre cinéaste français des années 60/70. Une ressemblance que l’on retrouve dans sa représentation d’une jeunesse sans stéréotype. C’est à dire une jeunesse de nos jours qui offre aux spectateurs une vision vraie sans être submergé de clichés grotesques. Cependant il est bon de préciser qu’il n’existe pas qu’une seule jeunesse dans notre société et malheureusement des réfractaires, n’ayant aucune ouverture d’esprit, pourraient critiquer et dénoncer la jeunesse qu’Igor Gotesman a voulu représenter dans son œuvre.
Après leur en avoir fait part, Igor Gotesman nous confie :
« J’ai écris en pensant à François, en pensant à Pierre, j’ai écris les personnages en pensant à des amis avec qui j’ai grandi. Il y a donc quelque chose avec une certaine authenticité indéniable dans le sens où ce sont des gens proches de moi qui m’ont inspiré pour écrire. C’est peut-être ça qui fait que tout d’un coup on a pas voulu exactement écrire une caste, une jeunesse typique, mais seulement notre jeunesse, c’est cela qui fait sûrement l’authenticité du film. »
Puis immédiatement Pierre Niney enchaîne dans le même sens que son ami :
« Quand Igor m’a parlé de ce film il tenait beaucoup à cette véracité et à cette authenticité là. Certes c’est plus léger et moins nostalgique que les films de Truffaut mais je trouve qu’il y a quelque chose de très moderne et très rafraîchissant dans le fait que c’est un artiste, un réalisateur, un scénariste de 25 ans qui a écrit pour des gens de 25 ans et c’est joué par des acteurs de 25 ans, ça reflète donc forcément quelque chose de plus réel que les scénarios habituels qui sont des visions de jeunes par des scénaristes de 50 ou 60 ans et on se dit toujours qu’il y a pleins de choses qui ne vont pas ou alors que c’est complètement à côté de la plaque. »
Dans Five, quasiment rien n’est laissé au hasard, les scènes les plus délicates ont été travaillées en amont du tournage, Igor Gotesman déclare avoir rencontré chaque acteur avant, il avait ce besoin de mettre les choses au clair, pour qu’il n’y ait aucune mauvaise surprise. De plus on remarque que la mise en scène a été soigneusement pensée. C’était un point très important pour le réalisateur:
« La comédie est mon domaine de prédilection, j’avais vraiment envie de passer par cela pour commencer ma carrière dans le cinéma. Je me suis toujours dit que j’allais m’appliquer pour faire une comédie où on ne délaisse pas la technique, ni la mise en scène. J’avais très envie de vraiment soigner les choses en insistant sur certains détails auprès de mes producteurs, et de mon directeur de production pour avoir les moyens de faire certaines choses qui me tenaient à cœur. Essayons de faire des choses sans réinventer le cinéma mais de réaliser ce qu’on a envie d’y voir. Concernant la lumière j’ai choisi quelque chose de très diffuse, très pastel, c’est ce que j’appelle la lumière suédoise. Je suis un amoureux du bleu, le film est donc très bleu ce qui peut paraître paradoxal car cette couleur est attribuée aux thrillers, c’était le challenge de trouver le juste milieu. »
Le réalisateur a soigné également les choix musicaux, la bande originale du film est très éclectique, on y retrouve beaucoup de morceaux signés par le groupe Gush qui les a composé directement sur les images. On y retrouve également « Riptide » » de Vance Joy, Calvin Harris et une version revisitée spécialement pour le film du titre « Reuf » de Nekfeu.
Toutes ces caractéristiques font de ce film d’Igor Gotesman un très bon premier long métrage très prometteur pour la suite de sa carrière. Le scénario fonctionne chez les spectateurs grâce à l’authenticité du jeu des acteurs, et l’authenticité du récit qui fut inspiré de nombreuses fois par des instants de vie du réalisateur.
On ne peut que vous conseiller de vous rendre dès le 30 mars, dans votre cinéma le plus proche pour laisser place à vos rires, à vos émotions. Ou encore mieux, si vous avez la possibilité de vous rendre à une avant-première en leur présence, sautez sur l’occasion de rencontrer de francs rigolards d’une gentillesse et accessibilité inouïes.
Les projets futurs des acteurs :
Pierre Niney : à retrouver en septembre 2016 dans un film de François Ozon, s’intitulant Frantz, qui raconte une histoire d’amour impossible avant l’après première Guerre Mondiale. Un film sur le fantasme et le mensonge. Et dans le film L’Odyssée, grand film d’aventures avec Lambert Wilson.
Igor Gotesman : attend tranquillement la sortie officielle de Five mais à très envie d’écrire une comédie romantique.
Margot Bancilhon : à retrouver dans le prochain film de Patrick Mille : Going to Brazil. L’histoire de quatre femmes qui font un road-trip au Brésil.
François Civil : A retrouver dans le prochain long métrage de Cédric Klapisch.
Idrissa Hanrot : Des projets en production.
L’ANECDOTE:
Pour Canal +, plus particulièrement la « carte blanche » sur le Grand Journal, ils doivent accomplir chacun un défi par jour durant toute leur tournée, lors de l’avant première à Strasbourg François Civil a du courir nu dans les rues de cette ville. Et ce samedi 12 mars c’était à Pierre Niney de faire une interview où depuis le début il devait, par moment, dire des choses incompréhensibles dans ses phrases. Ce qui a valu bon nombre de fous rires durant cette rencontre avec des acteurs d’une sincérité et gentillesse sans pareil et surtout qui sont des personnes très humbles.