Jean-Paul Rouve est à l’affiche du film Les Cadors, la nouvelle réalisation de Julien Guetta, cinq ans après Roulez Jeunesse. De passage à Lille, l’acteur dunkerquois nous parle de son affection pour le milieu des dockers, et des raisons qui l’ont motivé à rejoindre ce projet, accompagné de son fidèle chien GTro.
Comment qualifieriez-vous Les Cadors ?
Je ne sais jamais comment qualifier les films dans lesquels je joue. C’est une comédie dramatique, sociale… Il y a quelque chose de doux amer.
Comment avez-vous travaillé votre duo avec Grégoire Ludig ? Car votre couple de cinéma fonctionne très bien, en étant extrêmement touchants tous les deux.
Notre complicité vient du réalisateur Julien Guetta. Son premier film, Roulez Jeunesse, était formidable, avec une véritable sensibilité et une certaine douceur. Nous voulions qu’il y ait une crédibilité dans les personnes, dans leur rapport et dans leur vie sociale. Nous ne souhaitions pas une efficacité scénaristique de comédie. Lorsque nous jouons ou tournons, nous ne tournons pas en mode comédie. Le ton général fait que l’on peut en rire, ou non. La réalité sociale et économique du film est juste, avec un milieu professionnel concret. Les personnages ne sont pas hors-sol. De plus, avec Grégoire Ludig, nous sommes faits du même bois. Et je peux même ajouter Michel Blanc. Nous avons fait des sketchs, et désormais nous faisons du cinéma. Nous jouons tous du même instrument.
Comment vous êtes-vous approprié le milieu des dockers ?
Même si le personnage de Grégoire Ludig est davantage concerné, je connais bien ce milieu, car mon oncle travaillait au port de Dunkerque, côté patron. Quand il y avait des grèves au port, il était complètement bloqué. Quand les dockers sont en grève, le port s’arrête. Le patron du syndicat des dockers avait un réel pouvoir. Ce monde-là m’intéresse. Ce décor incroyable apporte de la véracité au film.
Est-ce cet intérêt et cette connaissance de ce milieu qui vous ont poussé à être plus qu’un simple acteur sur ce film et de participer à l’écriture ?
Le scénario retrace l’histoire du père et de l’oncle de Lionel Dutemple. Lors du changement de producteur du film, j’ai l’occasion de le relire. J’ai commencé à donner des idées, et de fil en aiguille je me suis mis à travailler dessus avec Lionel et Julien. J’ai eu l’occasion de retravailler quelques dialogues. Ayant travaillé plusieurs fois avec Michel Blanc, je connais sa musicalité d’acteur.
Avez-vous eu envie de mettre en scène Les Cadors ?
Non, car ce n’est pas mon univers et ce n’est pas ce que j’ai envie de raconter. J’adore le voir, le jouer, l’écrire, mais je n’ai pas envie de le mettre en scène. Paradoxalement, demain je peux recevoir un scénario que je n’ai pas écrit et avoir envie de le réaliser.
La progression du film est intéressante, avec ce petit frère qui devient grand frère…
Les rapports établis par la société et transformés par la vie sont passionnants. Ne pas être à la place qui nous est prédestinée est fascinant, comme dans Le Parrain, qui en est le plus bel exemple.