Parmi tous les festivals qui nourrissent notre été, Zik’n Roul a peut-être un petit truc en plus à vous proposer, à l’instar du dernier film d’Artus. Ce petit festival, qui s’est tenu sur ses deux roues dans la commune de Loos ce samedi 15 juin, vous accueille à bras ouverts. Au rendez-vous : de la musique pour tous et par tous.

Dès 14 h, la fanfare vous accueille et la connexion avec le public est immédiate. Les sourires viennent réchauffer l’atmosphère trop humide pour un mois de juin dans le Nord. Le but de cette journée : proposer un lieu et des conditions adéquates pour accueillir des personnes en situation de handicap. La promesse est la suivante : un festival au paysage inclusif, tant au niveau du public que des artistes de la programmation.

Niveau musique, les bénévoles, qui organisent pour la cinquième fois cet événement, cherchent des styles éclectiques et vivants qui puissent plaire à tout le monde. Et le pari est réussi. Pour le prix de l’entrée, c’est vous qui le fixez selon le don que vous voulez laisser à l’association.

En restant attentif à chaque détail, on peut voir que tout est bien pensé : chaque installation est adaptée aux différents handicaps, dans des endroits auxquels on ne penserait pas. Un temps calme est possible dans des endroits plus reculés, avec des lectures de contes pour les enfants, des informations en braille et des casques anti-bruit. La seule chose à prévoir pour la prochaine édition est une réserve de parapluies ou de k-way si chers aux habitants des Hauts-de-France.

La décoration confectionnée par les bénévoles, les personnes en situation de handicap prises en charge par l’association GAPAS et leurs familles virevolte au vent, accentuant la poésie du moment.

Le festival reste un événement à petite échelle qui, depuis cette année, a engagé un partenariat avec l’Aéronef pour prendre de l’ampleur. Et ce samedi, le public est là, mais encore timide. On peut y croiser Stéphanie Delemarquette, éducatrice, qui nous confie qu’elle accompagne deux jeunes pour la journée et que cette journée représente un moment de joie malgré l’organisation qu’elle demande. « Ça leur fait du bien, la musique, et je ne connais pas d’autres festivals de ce genre pour nous et les jeunes. »

Le public est divers, et les réactions aussi. Pour les jeunes en fauteuil roulant accompagnés de leurs parents ou de leurs éducateurs, le sourire se dessine sur leur visage comme marqueur de joie, de la même manière que les cris de joie qui viennent appuyer leur contentement.

Pour un festival, il nous faut des artistes, et Zik’n Roul propose des passionnés comme Pascal Gravelau visage de proue du groupe de rock expérimental METALLIKWA. Constitué grâce à un atelier qui rassemble des personnes en situation de handicap, des musiciens, de l’invention et de la liberté, ce groupe propose une expérience fascinante.

Le milieu de l’après-midi est animé par Sancho et Diego, du groupe Ukulele Boboys. À l’aide de leurs différents ukulélés, ils nous emmènent dans leur univers fait de cactus et de chapeaux mexicains. Sous le soleil de Loos, ils revisitent, pour le plaisir de tous, des chansons emblématiques d’artistes comme Britney Spears, Billie Eilish ou Dalida.

Mention spéciale pour le groupe Choolers Division. Ils sont quatre sur scène et réveillent, avec leur compositions mélangeant Hip Hop et électro, le village d’à côté. Au centre de la scène, les deux chanteurs ont une présence électrique ; ils sont là et ils comptent bien prendre la scène à bras-le-corps pour mettre en lumière leurs textes. Le public regarde et apprécie le flow des deux artistes, une phrase vient ponctuer un silence : « Nous sommes trisomiques, vous êtes, je t’aime. »

Ce festival, comme le dernier film phénomène d’Artus, Un p’tit truc en plus, met en perspective l’invisibilité forcée qu’impose la société française aux personnes atteintes d’un handicap. Le handicap en France est marginalisé par la plupart des événements culturels, malgré le fait qu’il concerne environ 18 % de la population française.

Alors, pour l’année prochaine, prévoyez dans vos agendas une petite place pour ce festival avec un p’tit truc en plus. Ce festival se résume en quelques mots qui viennent clôturer cette édition 2024 : bienveillance, humour, inclusivité, humidité, spectacle vivant et créativité musicale.