Du 15 au 17 septembre se tenait la traditionnelle Fête de l’Humanité à La Courneuve, près de Paris. Retour sur une 82ème édition haute en couleurs.
Musicalement parlant, la Fête de l’Humanité est toujours au top et propose des artistes de tous bords pour satisfaire un maximum de personnes.
Petite rétrospective des concerts marquants de cette 82 ème édition.
Vendredi, c’est le groupe français de reggae Jahneration qui a eu l’honneur d’inaugurer la Grande Scène, suivi de Flavia Coelho et du plus international des groupes de métal français Gojira. Ont suivi les vieux de la vieille du rap français. Ils s’appellent Ministère A.M.E.R, Ärsenik, Les Sages Poètes de la Rue ou Busta Flex et forment une entité le temps d’une tournée : L’âge d’or du Rap Français. Les rappeurs en ont encore sous le capot et enchaînent les tubes. Ainsi résonnent Mon papa à moi est un gangster de Stomy Bugsy ou encore Bye Bye de Ménélik.
Aux alentours de 22 heures, ce fut le tour du set du DJ Feder. Un set un brin décevant tant il ressemble à celui de dizaines d’autres DJ. Ce sont continuellement les mêmes morceaux (des tubes) qui sont remixés, pour au final très peu de morceau originaux du DJ. Une déception pour un artiste qui nous avait habitué à beaucoup mieux.
Bien évidemment, en terme de musique, la Fête de l’Humanité ce n’est pas exclusivement une Grande Scène. Se sont ainsi côtoyés sur la scène Zebrouk ou la Petite scène des groupes comme La Rumeur, Ultra Vomit, The Psychotic Monks ou encore le Fat Bastard Gang, à qui l’ont doit les pogos les plus mémorables de cette année. Le groupe, armé de trompettes et autres instruments aux inspirations de fanfares et de musiques balkaniques, ont donné du baume au coeur au festivalier. Un show explosif qui n’a laissé personne indifférent.
Le samedi, à 14 heures, Salut c’est Cool, comme remplacement de dernière minute de Gavin James, est venu retourner la Grande Scène, pour sa première à la Fête de l’Huma. Le groupe parisien enchaîne ses tubes, dont le célèbre Techno, toujours pareil, et pour prouver leur totale dérision, James se retrouve avec une table de jardin scotchée sur le dos. Les trublions assument pleinement leur délire.
Mais pour vivre au maximum la folie du groupe, il faut s’avancer devant la scène. Là, ce sont pogos, mouvements de foule et slams en tous genres qui font vivre le public. Des cercles se forment pour des bousculades au final monumentales, mais tout ça dans un esprit plus que bon enfant. Rien de tel qu’une petite vidéo d’illustration afin de savoir de quoi l’on parle.
Ce ne sera donc pas la dernière prestation de Salut c’est Cool à la Fête de l’Humanité.
Se sont ensuite succédés sur les différentes scènes tout au long de la journée Un air, deux familles, Corine, Gauvain Sers ou encore Dub INC, ces derniers ayant rameuté un monde fou pour un concert au milieu de l’après-midi.
Vinrent ensuite Trust, et leur inconditionnel Antisocial, le S-Crew, JP Manova ou encore HK, habitué de la Fête de l’Humanité, qu’il faudrait songer à changer de scène tant la Petite Scène peine à accueillir le public venu acclamer l’artiste qui, au passage, aura fait monter Philippe Poutou sur scène !
Une des autres surprises du week-end venait du Stand Kremlin-Bicêtre, qui proposait un concert exceptionnel du groupe né de l’internet : La Chanson du Dimanche. Entre Bonne Humeur et Standing Ovation, la parfaite occasion de revoir ses classiques !
Mais la plus grosse attente de cette 82ème édition était pour un autre habitué de La Fête de l’Humanité. Une des plus grandes légendes du Rock’n’Roll / Punk, passé par Les Stooges, qui n’est autre que Iggy Pop. Du haut de ses 70 ans, le bonhomme envoie du lourd et assure un show indescriptible. L’Iguane enchaîne ses tubes : Lust for Life, The Passenger, I’m Bored ou encore I wanna be your dog. Torse nu, plein de fougue et jouant avec son corps comme personne, Iggy Pop brave la foule, court partout et provoque la cohue. « The Godfather of Punk » offre au public LE concert Punk Rock de cette édition.
De quoi magnifiquement clore cette soirée du samedi sur la Grande Scène, pour enchaîner sur L’Huma Balkan Beat Party, à la Petite Scène, qui s’inscrit dans l’univers du Fat Bastard Gang découvert le vendredi soir.
Enfin, un peu de douceur pour commencer les concerts du dimanche avec Cyril Mokaïesh, Yvan Le Bolloc’h ou les soeurs Berthollet, véritables prodiges du violon et du violoncelle, venues nous interpréter les plus grands airs de musique classique. Malheureusement, la pluie est venue quelque peu ternir la douce mélodie jouée par Camille et Julie.
Mais les festivités ne furent pas terminées et c’est plein d’appréhensions que l’on se dirigeait vers l’ultime concert sur la Grande Scène de cette 82ème édition. C’est à La Courneuve que Renaud a décidé de poser ses bagages pour l’ultime date de son Phoenix Tour. Les fans sont là et la crainte est grande. Sur scène, c’est un bonhomme ravagé, qui tente à faire de son mieux, qui nous offre un concert en demi-teinte. Le chanteur « énervant » assume sa « voix rocailleuse » et oublie un couplet à (presque) chaque chanson. Le public est là pour lui donner du souffle mais malheureusement, le concert vire rapidement au chant de public accompagné de Renaud, plutôt que l’inverse. Mistral Gagnant, Toujours debout, Manu, Marche à l’ombre, Dans mon HLM, En Cloque… Nombreux sont les morceaux que le public connaît par coeur. Ce n’est pas de la colère qui émane de chacun, mais plutôt une tristesse. On assiste, impuissant, à la disparition d’une icône, bien malgré nous.
Toutefois, le medley final redonne du baume au coeur à la foule. Un moment de cohésion, de soutien physique et moral à l’artiste qui ne semble plus trop savoir où donner de la tête.
En conclusion d’un concert comme celui-ci, on ne peut que se dire que le Phoenix Tour était l’ultime salut à un public aimant, ayant grandi avec des chansons militantes, aux tournures parfois anarchistes.
Côté politique de la Fête, là encore du beau monde. En se promenant dans les allées, entre deux slogans en support à la libération de Salam Hamouri ou Loup Bureau (qui a été libéré le samedi), il était possible de croiser de nombreuses personnalités politiques de la dernière élection présidentielle. Philippe Poutou est ainsi venu sur le stand du NPA, même chose pour Nathalie Arthaud au stand de la Lutte Ouvrière. De son côté, Benoit Hamon est venu inaugurer le stand de son nouveau mouvement, Le Mouvement du 1er Juillet. L’ex candidat du Parti Socialiste a ainsi pu bénéficier d’une véritable couverture médiatique, tant Quotidien, BFM TV ou C à Vous cherchaient à décrocher le moindre petit mot de l’homme politique.
Enfin, si la Fête de l’Humanité est un plaisir, c’est grâce à la bienveillance des festivaliers. Au milieu des luttes, des rassemblements et des prises de position, chacun milite dans le respect de l’autre. Entre sourires, rires et danses à en perdre la raison, on aime cet événement annuel pour son ambiance unique. Et puis, il y a de la (très) bonne bière artisanale, et pouvoir manger, le temps d’un week-end, dans 95 pays différents, cela permet également d’accentuer notre vision du bonheur.
Rien de tel que de finir avec quelques photos de la Fête :