Ils étaient de passage à l’Aéronef de Lille pour la tournée de leur dernier album Epitaph, le groupe franco-américain Moriarty nous a fait rêver le 8 octobre 2015 au soir. Leur quatrième album est sorti en avril 2015. Celui-ci s’est très largement fait remarquer parmi les pépites de cette année et a permis une mise en lumière sur Moriarty. 

La première partie de Jenny Lysander accompagnée de sa guitare est plutôt laborieuse, principalement dû à un manque d’attention du publique qui ne cherchait à être conquis que par la tête d’affiche de la soirée : Moriarty. Les discussions à hautes-voix nous empêche d’entrer dans l’univers de l’artiste qui pourtant s’éprouve à rendre son concert vivant. 

Sur scène, c’est tout d’abord cette femme, ou plutôt ce personnage qu’est Rosemary Standley, voix principale du groupe. Habillée d’une robe beige, les cheveux attachés en arrière, la dame impose sur scène à tel point qu’on se retrouve impressionné par son apparence presque autoritaire lors de l’arrivée sur scène. Celle-ci est accompagnée de 5 musiciens qui manient de très nombreux instruments : batterie, guitare sèche, clavier, contrebasse, percussions, harmonica ou encore un drôle d’instrument qui ressemble à un accordéon couché.

Le concert commence par le titre « Mattie Groves », en présence sur scène de la chanteuse et d’un musicien. Déjà on sent le ton original de la soirée s’imposer puisqu’un micro d’ambiance qui amplifie à lui seul la voix et le son de la guitare, est installé en avant-scène. On a également retrouvé ce procédé à d’autres moments, qui est assez rare lors de concert de musique contemporaine. L’impression de musique acoustique est fort plaisant. A la première prise de parole, l’un des musiciens ne manque pas de nous faire rire puisqu’il commence a nous parler anglais « we are very happy to…. revenir à Lille ». En effet le bel accent américain en a trompé plus d’un.

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La chanteuse est rejointe par 4 autres musiciens, puis est interprété le titre « Lily » qui séduit le public avec l’histoire de cette jeune fille de 19 ans. L’un de nos coups de cœur de la soirée intervient pour le titre « Diamonds never die » qui entraîne le public dans un rythme décalé, complété par des arrangements magiques à l’harmonica. Alors qu’apparaît en font de scène une toile où est représenté un vieux bâtiment sur lequel on trouve indiqué « Moriarty », le groupe nous interprète des titres de leur bibliographie. Il nous présente « Moonshine » comme un titre vieux de plusieurs siècles, une « addiction à une certaine boisson », le chanteur nous invite à nous imaginer dans le film « Un Tombeau ouvert » pour nous mettre dans une ambiance sordide. Sur ce titre on est fasciné par l’utilisation des guitares, grattées par des arcs telles que des violons. 

 » Il fait chaud dans cet Aéronef ?! -Ah mais je crois qu’on est dans la salle des machines… »

Sans trop, le groupe réussi a créer un vrai lien avec le public « Il fait chaud dans cet Aéronef ?! -Ah mais je crois qu’on est dans la salle des machines.. ». Pour le titre « Isabella », un guitariste nous explique que la version du titre qui va être interprété est une version rare car ils l’ont enregistrée à Mumbai, elle ne figure pas sur les albums. Il rajoute « Il faudra chercher au fond des bacs pour la trouver », la chanteuse rétorque alors « Bacs, tu veux dire dans du Sébastien Bach ? »

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Pour le titre « River » on nous dit que c’est l’histoire d’un garçon qui siffle afin de faire disparaître ses parents. Il faut dire que durant ce titre, les sifflements de la chanteuse sont des plus justes, à nous faire disparaître nous aussi tellement on s’intègre à la mélodie en sifflotant. 

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Après le titre « When I ride » le groupe nous salue et se retire avant un retour attendu. Dans le public on entend à plusieurs reprises « on veut Jimmy » « OUI JIMMY » (titre phare). Le groupe fait alors semblant de ne pas comprendre. Un autre spectateur crie alors « Jimmy ou on s’en va !! », un musicien a alors la sublime idée d’énoncer un parfait « oh mais on ne vous retient pas, allez-y la sortie c’est par là » qui est bien-sur pris avec humour. La dose d’humour ne suffisant pas, Moriarty se met à interpréter Jimmy en mode «Chipmunks» (vous savez c’est cet art de mettre une chanson dans une tonalité plus aiguë pour donner l’impression qu’elle est chantée par des souris). Trêve de plaisanterie, le groupe se voue enfin a nous interpréter un parfait «Jimmy » qui ravit le public. Le groupe joue encore quelques titres tels que « Back In Town », « Little Sadie » ou encore « Osh Kosh », pour « ceux qui sont partis avant la fin… », même si en réalité presque personne n’est parti.

Ce soir, il faisait chaud dans la salle de l’Aéronef, mais on a passé un bon moment, comme encré dans un monde musical si particulier qui définit à son écoute presque un style de vit, ce petit tempo à la limite entre la folk, la musique traditionnelle irlandaise et le rock. Le défi de nous avoir fait voyager dans un tel univers est réussi pour le  groupe franco-américain.

Crédit Photos : Pierre Convers