Elle nous avait manqué ! Avec une jauge limitée, la Fête de l’Humanité était de retour du 10 au 12 septembre 2021. Des retrouvailles réussies après une année blanche.
Les sourires sont nombreux, et la joie de retrouver les allées de la Fête se fait sentir chez les personnes présentes. Après des mois compliqués pour les acteurs du monde des concerts et de l’événementiel, retrouver la Fête de l’Humanité a une saveur toute particulière. Même s’il y a moins de stands, chacun.e y retrouve quand même son compte, entre animations multiples, bonne nourriture, bonne boisson et bonne musique.
Le vendredi, un bon nombre d’artistes de musique urbaine sont venus fouler les planches des différentes scènes, à savoir les scènes Angela Davis (ex Grande scène), Joséphine Baker et Nina Simone. Côté rap, le show de la soirée était assuré par Fianso, avec des guests idéaux pour les fans du genre : Vald, Soolking ou encore SeeZy. Fianso était lui-même venu en tant que guest à l’Huma en 2018, lors du concert de NTM, durant lequel ils avaient interprété Sur le drapeau. Fianso a, comme à son habitude, fait bouger les foules.
Josman, Soso Maness, Joanna et Claire Laffut ont également fait bouger les foules de la meilleure des manières.
Mais s’il fallait retenir un concert, ce serait, sans nul doute, celui de la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, un moment magnifique, hors du temps, d’une énergie folle, accompagnée de musiciens d’exception. Avec son incroyable voix, l’autrice-compositrice-interprète a fait chavirer le cœur des spectateurs de la scène Angela Davis. Cerise sur le gâteau, une reprise de la magnifique chanson Sinnerman de Nina Simone. Le temps d’un morceau, le brouhaha ambiant de la Fête s’est dissipé pour ne laisser que cette fantastique voix parvenir à nos oreilles. Quel plaisir.
Autre son de cloche le samedi avec, comme à chaque édition, un public beaucoup plus nombreux. Alors que l’on se promenait avec sérénité et sans difficulté entre les stands le vendredi, il est bien plus complexe de circuler entre les différentes scènes le samedi. Des attroupements inévitables, mais qui peuvent effrayer, surtout en ces temps de crise sanitaire.
Hervé et Suzane, figures émergentes de la scène française, ont montré de quoi ils étaient capables sur la scène Angela Davis. Les deux musiciens, seul.e.s sur scène, envoient. On regrette la prestation de courte durée de Suzane, qui ne va pas jusqu’à l’heure de concert. Une super énergie, des propos militants, mais un final qui nous laisse un peu sur notre faim. Un ou deux morceaux supplémentaires auraient été grandement appréciés !
En clôture de la scène Angela Davis ce samedi, un groupe mythique du rap français : IAM. Les gaillards n’ont plus rien à prouver. Le public connaît par cœur Demain c’est loin, Petit frère, Nés sous la même étoile, Quand tu allais, on revenait, Un bon son brut pour les truands, et bien d’autres. Les Marseillais enchaînent leur tuber pour finir sur le culte Je danse le MIA. C’est ainsi que le public s’est retrouvé à suivre les pas impulsés par le groupe. Une touche disco pour finir sa journée sur la Grande Scène ? Pas mal du tout. En quittant IAM, impossible de rejoindre la scène Joséphine Baker pour Tryo tant la foule est impressionnante. Une scène sans nul doute légèrement trop petite pour le groupe.
Dimanche, les festivaliers se remettent de leur journée du samedi. Nombreuses sont les personnes assoupies sur les parcelles de pelouse qui composent la Fête. Il faut dire que des concerts électro avaient lieu jusque 6 heures du matin, pour les plus téméraires.
Sur la scène Angela Davis, Yseult donne de la voix. Le clou du concert ? Une version a cappella de son morceau Corps. La voix de la chanteuse a littéralement transcendé la Fête. Une performance saisissante.
Vint ensuite Mayra Andrade chanteuse capverdienne débordant d’énergie. Impossible de ne pas se laisser emporter par ces rythmes musicaux.
Enfin, Alain Souchon, à 18h45, est arrivé. De Jamais content à Rame, en passant par L’amour à la machine, Allô maman bobo, La ballade de Jim ou Poullailer’s song, le public ne peut s’empêcher de reprendre en chœur les morceaux, simultanément avec le chanteur. Aussi, le temps de 2 morceaux, dont Presque, morceau de l’album Âme fifties sorti en 2019, Alain Souchon a accueilli Pierre, un de ses fils. Un moment de complicité touchant.
Dès les premières notes de Foule sentimentale, une clameur se fait entendre dans le public qui la reprend d’une seule et même voix. Ce tube, qui date de 1993, traverse les années et est toujours autant d’actualité. Rien d’étonnant à ce que les participants de la Fête de l’Huma scande ce pamphlet contre la société de consommation. En clôture du concert, et de la scène Angela Davis pour cette édition de la Fête de l’Huma, Alain Souchon interprète La vie ne vaut rien, seul sur scène, guitare à la main. La vie ne vaut peut être rien, mais le concert d’Alain Souchon, et la programmation musicale de cette Fête, en valent la peine.
Mais la Fête de l’Huma rime aussi avec débat. En effet, de nombreuses personnalités d’horizons très différents se rendent à la Fête pour se rencontrer, s’instruire et débattre. Outre les venues très remarquées de Valérie Pécresse et Gabriel Attal, d’autres rencontres valaient également le coup d’œil. Pour évoquer les nouveaux enjeux féministes et la place de la femme dans l’espace public, l’autrice et podcasteuse Axelle Jah Njiké, la journaliste Lauren Bastide et la réalisatrice et autrice Ovidie sont venues s’exprimer à l’Agora.
Toujours sur une question féministe, Marianne Zuzula, Responsable éditoriale chez la ville brûle, Claire Stavaux, directrice éditoriale de L’Arche et Juliette Ponce, fondatrice des éditions Dalva, étaient au village du livre pour discuter de l’édition et des femmes en littérature , avec une nouvelle scène féministe.
Axelle Jah Njiké, Lauren Bastide et Ovidie à l’Agora Marianne Zuzula et Juliette Ponce
Deux conversations passionnantes et enrichissantes. Avant chaque Fête de l’Huma, il est bon d’éplucher en détail le programme des rencontres/animations/débats, afin de ne pas passer à côté de moments comme ceux-ci. Il faut aussi y voir la possibilité de découvrir de nouvelles personnalités et de nouvelles références auxquelles s’intéresser.
Ces trois jours de retrouvailles sont passés (trop ?) vite. Mais une chose est sûre, notre amour pour la Fête de l’Huma ne s’est pas amoindri avec l’année blanche de 2020, et nous retournerons avec plaisir arpenter les allées de l’Huma en 2022. Mais attention ! 2021 marquait la dernière édition au Bourget. Dès septembre 2022, le festival se déroulera sur l’ex-base aérienne 217, au Plessis-Pâté. De belles éditions à venir donc….