Ils sont quatre, habillés en noir, les chaussures cirées. Le groupe rock Mulhousien surfe depuis 2015 sur le succès d’un album mature, entraînant : The Holy Family.  A la première écoute, nous avons eu l’impression d’écouter un groupe déjà expérimenté, qui poursuit de manière ingénieuse une directive musicale. Surprise lorsque l’on apprend que le groupe a une moyenne d’âge de 20 ans! Nous avons eu l’occasion de vivre le concert donné par le quatuor à « La Cave aux Poètes » de Roubaix le mardi 17 novembre 2015.

Quelques jours après les attentats de Paris du vendredi 13 novembre, l’équipe du Pedromadaire décide de ne pas suspendre ses reportages de concerts et part en direction d’une salle inconnue à Roubaix « La Cave aux Poètes ». Nous arrivons à 20 heures, la sécurité est très présente, même dans cette petite salle associative, comme nous le signalent des vigiles à l’entrée. Pour la première partie de la soirée, le groupe lillois « The Arrogants » est un peu décevant : leur musique des années soixante n’est pas assez variée, et on se lasse rapidement de la même structure des morceaux. La Cave aux Poètes se prépare ensuite à accueillir « Last Train ». En introduction à ce concert, le directeur de la salle s’exprime par rapport aux attentats du vendredi précédant. Il insiste plus spécialement sur la tuerie du Bataclan dans laquelle se trouvait « Nat’ Light », une collègue éclairagiste bien connue de La Cave aux Poètes, qui y a laissé sa vie. Une proche de la victime vient nous dresser un portrait de la victime, à travers une émotion très forte. Nathalie avait notamment travaillé avec « La Bande à Marcel », « Skip The Use » et bien d’autres. Le public est invité à respecter une minute d’applaudissements continus, en hommage aux victimes, à Nathalie et  aussi à tous ces gens tués parecequ’ils travaillaient pour ce qu’ils savaient faire de mieux : des concerts.

Le concert de « Last Train » commence calmement avec des titres rocks légers,  à l’influence de tonalités pop entraînantes. Très rapidement, la température monte dans la cave dont la hauteur de plafond ne doit pas dépasser les 2 mètres. Le public est imprégné par le concert et ébahi par le professionnalisme du groupe. Peu à peu, le chanteur à la chevelure blonde, charismatique et imposant sur la petite scène, pousse sa voix hardante jusqu’à limite du déraillement. On apprécie énormément « The Holy Family » en ouverture, et bien sur « Fire » que le groupe dédie aux victimes des attentats. « Vous aimez danser à Lille, ou est-ce que vous préférez danser à Roubaix? » nous questionne le chanteur. Cigarettes en bouche, les visages en sueur, Last Train finit le concert par une attitude que l’on pourrait qualifier de « rebelle », en allant jusqu’à se coucher à terre avec les guitares, les taper au sol, lancer les micros, mettre des coups de pieds dans les pédales… Ont-ils été emportés par l’émotion? Difficile d’en juger. Nous savons en revanche, par l’équipe accompagnatrice du groupe, qu’il ne s’agit pas d’un élément de mise en scène de la tournée.

Avec près de 40 dates en 2 mois et demi cet automne, Last Train fait partie de la scène française émergente à découvrir de toute urgence si vous êtes passés à côté.