Filippo Meneghetti présentait Deux, son premier long-métrage, au Festival Premiers Plans d’Angers, en compétition.

Pour son premier long-métrage, dont le scénario avait était lu au Festival Premiers Plans en 2017, le cinéaste italien aborde le thème tabou qu’est l’homosexualité chez les personnes âgées, qui plus est après un premier mariage hétérosexuel pour une des deux protagonistes.

Ce sont Barbara Sukowa, découverte chez Fassbinder, et Martine Chevallier, de la Comédie Française, qui ont été pressenties pour interpréter Nina et Madeleine. Un couple caché, les deux femmes étant voisines, vivant sur le même pallier, et dont les proches ne savent rien de la relation.

Deux est un film extrêmement maitrisé, sur tous les aspects. La mise en scène est juste et adroitement réfléchie, rien n’est laissé au hasard. Les deux actrices excellent et crèvent littéralement l’écran. Filippo Meneghetti capture la beauté des corps marqués par le temps grâce à ses très nombreux gros plans. Les actrices n’en sont que magnifiées. Le traitement de la relation est singulier, d’une douceur extrême. Le réalisateur saisit des instants de grâce qui parfois ne durent qu’une seconde, voire moins. Un simple sourire, des mains qui se frôlent ou des regards qui se croisent peuvent nous faire avoir les larmes aux yeux. Les relations, tendues, entre mère et enfants, marquées par des disputes, des départs précipités, ne font jamais dans la surenchère.
Léa Drucker, qui incarne Anne, la fille de Madeleine, retrouve une gravité de personnage née dans Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (pour lequel elle avait d’ailleurs obtenu le César de la meilleure actrice). 

Deux est un film abouti dans son traitement sonore et corrobore le genre du drame familial, qui tourne au thriller (avec toutefois de fines touches humoristiques). Les silences sont emplis de sens, le travail du hors-champ est remarquable. Et ce travail sonore, notamment celui du bruitage, confère au film un caractère immersif, et renforce cette plongée dans une relation taboue qui, au final, peine à se structurer.

Si l’écriture de Deux est une de ses principales qualités, on s’interroge toutefois sur le parallélisme établi entre la relation de Nina et Madeleine et ces quelques séquences mettant en scène des petites filles jouer ensemble, et leur rire qui résonnent. Filippo Meneghetti l’explique comme une image mentale de ses deux personnages. L’interrogation reste entière malgré l’explication.

Un côté énigmatique qui n’atténue en rien la puissance de ce film.

Deux est à découvrir en sallesdès le 12 février 2020, à ne manquer sous aucun prétexte.