Vermines est le film de genre sensation de la fin d’année 2023, véritable cauchemar pour les arachnophobes. Nous avons rencontré Sébastien Vaniček, réalisateur, ainsi que Sofia Lesaffre, Lisa Nyarko et Jérôme Niel, qui composent une partie du casting.

Comment avez-vous mixé le film de banlieue et le film d’horreur ?

Sébastien Vaniček : Ça s’est fait instinctivement. Le film d’araignées à mauvaise réputation, avec un côté un peu nanardesque. J’ai voulu dépoussiérer le genre. Le film de banlieue s’est quant à lui beaucoup développé ces dernières années et est presque devenu un genre à part entière. Je souhaitais montrer une banlieue que je connaissais et qui ne rentre pas forcément dans les codes des films déjà réalisés. Je gardais en tête le fait de réaliser le film le plus divertissant possible, en procurant du plaisir aux spectateurs. Il n’y a aucune stratégie derrière ce film.

Avez-vous eu du mal à trouver des producteurs ?

S.V. : Je fais des films depuis 15 ans, avec plus de 50 courts-métrages à mon actif avec mes amis. Au fil du temps, on s’est amélioré. J’ai rencontré Jérôme, on a fait des courts-métrages encore plus ambitieux. Puis j’ai rencontré un producteur qui est allé pitcher le film à Netflix. A l’origine, le film devait sortir directement sur la plateforme. Un scénario nous a été demandé. J’ai écrit avec Florent Bernard. Après l’envoi de la V1, Netflix nous a donné le feu vert pour réaliser un film “sale”, puis tout est allé très vite, avec un premier jour de tournage en janvier 2023.

Jérôme Niel : Netflix trouvait que c’était une belle opportunité de voir Vermines en salles.

S.V. : L’adoubement de Netflix a permis que d’autres producteurs nous accompagnent. Ensuite, il y a eu énormément de travail en amont du tournage pour qu’une fois sur le plateau tout aille assez rapidement et que nous soyons efficaces.

Sébastien, comment en êtes-vous venu à travailler conjointement avec Florent Bernard sur l’écriture du film ?

S.V. : Grâce à Jérôme. Je connaissais bien le travail de Florent, notamment son travail sur les personnages, avec une vraie sensibilité. En regardant La Flamme, on comprend sa manière d’écrire, avec les leviers scénaristiques qu’il utilise.

Avant de rencontrer Florent, je savais qu’il avait vu les courts-métrages que j’avais réalisés, notamment ceux dans lesquels Jérôme joue. Étant donné que c’est un immense fan de films de genre, il n’a pas hésité, et ça m’a touché.

Est-ce que certains d’entre vous étaient arachnophobes en amont du tournage ?

Lisa Nyarko : Tout à fait. Ça va beaucoup mieux depuis. Karim Daoues, qui s’occupait des araignées, nous a parfaitement encadrés et accompagnés sur le tournage. Au départ, je n’osais pas les manipuler. C’est seulement lors des jours de tournage au Maroc que j’ai osé les prendre.

Sofia Lesaffre : Pareil pour moi, j’étais très arachnophobe avant le film, et maintenant, plus du tout. Avant les prises, Karim faisait courir les araignées afin qu’elles soient fatiguées. Ainsi, pendant les prises, on pouvait plus facilement les manipuler. Avant le tournage, tout le monde a été prévenu que l’envie de Sébastien était de tourner avec de vraies araignées.

S.V. : Et ce n’était même pas une volonté artistique, mais bien une question de budget. Plus les araignées sont réelles, moins il y a de plans avec des effets spéciaux, et moins les plans sont chers.

S.L. : Tourner avec de vraies araignées nous a vraiment aidé dans notre jeu. Dans la scène de la salle de bain, le fait que certaines araignées soient réelles a permis de faire monter l’adrénaline des personnes présentes.

Quelle est la place d’un comédien dans un film comme Vermines ?

J. N. : L’objectif est de servir le point de vue du réalisateur. Les actrices et acteurs doivent rester en condition, en gardant à l’esprit ce qui s’est passé avant, et les scènes qui se passent après. Il faut garder en tête l’évolution du personnage, mais également la progression scénaristique. Dans le film, le personnage de Théo Christine est celui qui progresse le plus.

En écrivant le scénario, avez-vous pensé aux personnes qui n’ont pas peur des araignées ?

S.V. : J’ai forcément principalement pensé aux personnes qui en ont peur. Il y a un enjeu marketing, en donnant envie aux personnes initialement effrayées d’aller le voir.

Pour les personnes qui n’ont pas peur des araignées, j’ai voulu proposer plus qu’un film d’horreur. Je pense que Vermines est un véritable divertissement, très influencé par le cinéma coréen, mêlant peur, humour et tristesse.

Vermines est un survival et ne se résume pas seulement au caractère horrifique des araignées. Il faut tenir en haleine les spectateurs pour qu’ils se demandent ce qui arrivera aux personnages.

Votre film va à contre-courant des films d’horreur classiques, notamment pour les rôles proposés aux femmes. En effet, celles-ci sont traditionnellement présentées comme des potiches, ce qui est loin d’être le cas ici.

L.N. : Le scénario et l’écriture des personnages m’ont poussée à dépasser mon arachnophobie pour jouer dans le film. Je trouve mon personnage badass, et je l’ai adoré dès la première lecture. Je ne pouvais pas rater l’occasion de jouer dans le film.

S.V. : Le personnage de Lisa a pris de l’ampleur tout au long du tournage, avec des scènes intenses qui m’ont prouvé la puissance des personnages.

S.L. : De mon côté, Sébastien m’a présenté mon personnage avant que je lise le scénario. Il me plaisait beaucoup. Une fois que j’ai lu le scénario, j’ai été conquise, avec une évolution spectaculaire.

S.V. : Je suis un grand fan d’Alien, réalisé par Ridley Scott. Le personnage d’Ellen Ripley, joué par Sigourney Weaver, est incroyable, surtout quand on sait ce qu’elle a amené en tant qu’actrice pour l’incarner.

S.L. : J’ai bien aimé le fait d’incarner un personnage féminin fort, mais qui n’est pas sexy ou, à l’opposé, très masculine. C’est simplement une héroïne, avec une forte possibilité d’identification.

On remarque que les films de genre français ont de plus en plus la côte…

S.V. : On peut dire ce qu’on veut, mais ce sont des plateformes comme Netflix ou Amazon qui ont l’audace de miser sur des jeunes réalisateurs ayant des idées un peu barges. Évidemment, il y a d’énormes navets, mais il y a également de grosses réussites. J’espère que le succès du film Le règne animal donnera envie aux producteurs de s’intéresser aux films de genre. Et il faut que le public soit au rendez-vous !